Des Gens et des Faits 87e partie

MERIEM

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 26 Septembre 2021 à 16:44

Résumé : Ayant confié ses craintes et son secret à Taos, Meriem se sent un peu soulagée. Taos prend l’affaire en main, et rendez-vous est pris chez la matrone du village afin qu’elle procède à un avortement. Hélas ! Cela ne semble pas aussi aisé qu’on le pense.

La vieille femme met une marmite pleine d’eau à chauffer sur le feu, puis fait boire à Meriem une décoction amère. Cette dernière fait la grimace en ingurgitant les gorgées âcres dont le goût remonte dans son gosier. 
Elle se sent même sur le point de vomir, mais se reprend et s’efforce d’avaler sa boisson jusqu’à la dernière goutte. Quelques minutes plus tard, elle est prise de fortes douleurs. 
On dirait qu’on lui coupe les entrailles. Elle se met à pousser des cris, mais la vieille Aldjia met une main sur sa bouche.
- Arrête tes caprices, petite. Je connais bien cette douleur, c’est celle d’un accouchement. N’ameute donc pas tout le village.
Meriem se mord les lèvres. Les douleurs deviennent de plus en plus fortes. Taos lui entoure les épaules et passe une main sur son visage en sueur.
- C’est bientôt fini. Un peu de courage, ma pauvre fille.
Soudain, elle sent un liquide chaud sur ses jambes. C’est du sang. Elle fait une hémorragie. La vieille Aldjia fronce les sourcils. D’habitude le sang vient après l’expulsion du fœtus. Elle prend une serviette et la trompe dans l’eau chaude, avant de la déposer sur le bas ventre de la jeune fille. Meriem n’a plus ni la force de crier ni celle de repousser la vieille dame. L’hémorragie continue. Horrifiée, Taos pousse un cri qui s’étrangle dans sa bouche.
- Meriem est en train de mourir, Na Aldjia. Elle perd son sang. Fais donc quelque chose.
Un peu déphasée par la tournure des événement, la vieille se met à courir à travers la pièce à la recherche de quelques herbes miraculeuses. Mais elle n’arrive plus à se concentrer. 
Jamais elle n’avait eu un tel cas sous sa main ! Elle savait que la grossesse était très avancée ; et n’aurait pas dû s’aventurer. Enfin, elle tombe sur une 
fiole qui contient un liquide verdâtre. 
Elle en verse un peu dans sa main et l’applique ensuite sur les parties intimes de sa patiente, avant de lui en faire ingurgiter quelques goûtes. Meriem s’évanouit.
Lorsqu’elle reprend connaissance, il fait nuit. Un feu est allumé dans la pièce, et une odeur de pain et de soupe flotte dans l’air.
- Enfin tu reviens parmi nous, ma petite chérie.
Taos ne l’a pas quittée d’une semelle.
- J’ai eu la peur de ma vie !
Elle verse des larmes de soulagement avant de reprendre :
- Comment te sens-tu, Meriem ?
 

À SUIVRE

[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES
SONT LES BIENVENUS

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00