Des Gens et des Faits 113e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 26 Octobre 2021 à 17:09

Résumé : Afin de protéger ses enfants, Meriem tente de connaître les vrais desseins du jeune garçon. Elle le coince, alors qu’il se trouvait non loin de l’école. Voulait-il prendre un élève en otage ? Mais il ne semble pas du tout avoir cette intention.

Il fronce les sourcils et affiche un air perplexe.
- Vous n’y êtes pas du tout, Madame. Je ne veux prendre personne en otage.
- Alors, explique-moi ta présence ici.
- Je passais par là. C’est mon chemin. Je suis étudiant à l’université, et le bus me dépose chaque jour à l’arrêt de ce carrefour. J’habite non loin de là.
- Mais tu as agressé mon fils. Je t’ai déjà mis en garde hier, et tu ne sembles pas avoir compris la leçon.
- Je ne l’ai pas agressé. Je… je l’aime bien, Kamel. Il... il a de la chance d’avoir une maman telle que vous.
- Ah ! Tu connais même son prénom.
- Oui. Je ne lui voulais pas de mal. J’ai tenté de discuter avec lui, mais il s’enfuyait à chaque fois. Voilà pourquoi je revenais régulièrement.
- Que peux-tu bien raconter à un enfant de son âge ? Je pense que tu devrais plutôt te faire des amis dans ta promo à l’université.
- Certes, j’ai mes camarades, Madame, mais je…
Il se tait et se met à raser le mur pour s’enfuir. Meriem tente de le retenir encore, mais il se dégage. Cependant, il se ressaisit et lance :
- Madame, si vous saviez à quel point j’ai besoin de vous.
Sans ajouter un mot, il s’éloigne en laissant la jeune femme plus intriguée que jamais.
La journée tirait à sa fin lorsqu’elle revient à la maison. Elle prépare le dîner et assiste ses enfants dans leurs devoirs scolaires, avant de se laisser tomber sur le sofa pour discuter un moment avec Hakim, qui suit son émission préférée à la télévision. Ce dernier remarque son air soucieux, mais s’abstient de tout commentaire. Sa femme a parfois des réactions imprévisibles, c’est pour cela qu’il n’aime pas trop la brusquer. Meriem s’étire et lui sourit.
- Alors, la journée a été bonne ?
Il fait la moue.
- Assez bonne sur le plan professionnel, mais sur le plan moral, je suis lessivé.
- Pourquoi donc ?
- J’ai trimé comme un forçat sur le nouveau projet, mais le patron ne semble pas convaincu par mes initiatives.
- Alors innove dans d’autres matières.
- C’est bien mon intention, figure-toi. Heu… Et toi, qu’as-tu fait de ta journée ?
Elle hausse les épaules.
- Pas grand-chose. J’ai accompagné les enfants à l’école et je les ai récupérés.
- Tu ne t’es pas rendue au bureau ?
Elle secoue la tête.
- Non. J’ai pris quelques jours de congé. Je… je me sens un peu lasse et dépassée ces derniers temps.
- Tu as bien fait. Il faut te reposer. Je te proposerai même de passer le week-end prochain à la campagne. C’est ma mère qui sera heureuse de revoir ses petits-enfants.
Meriem baille et se redresse.
- Pourquoi pas ? Je vais en parler aux enfants.
Elle repense au jeune homme de l’école et se demande si elle devrait mettre son mari au sujet de ses préoccupations immédiates. Mais elle se ravise et se dit qu’elle devrait plutôt mettre la lumière sur cette affaire elle-même. Après tout, ce garçon n’a pas l’air mauvais. Certes, il l’intrigue et, à sa vue, elle devient même vulnérable, mais ce n’est pas une raison valable pour alarmer son mari. Hakim n’y serait pas passé par quatre chemins pour le retrouver et lui donner une bonne correction. Ce qu’elle ne souhaite justement pas pour le moment.
Elle se lève en étouffant un autre bâillement et se dirige vers sa chambre. 
Le lendemain, elle refait le même itinéraire que la veille pour accompagner ses enfants à l’école et les récupérer à la fin des cours. Mais cette fois-ci le jeune homme ne montre pas son nez. À son grand désappointement, car elle voulait le revoir et tenter d’en savoir plus sur lui. Elle ressent sa déception comme une gifle. Pourquoi l’intéressait-il tant ? Ne voulait-elle pas justement qu’il laisse ses enfants tranquilles ?
 

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