Des Gens et des Faits 141e partie

MERIEM

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 29 Novembre 2021 à 08:52

Résumé : À sa sortie de l’hôpital, M’hamed s’intègre facilement à sa nouvelle famille. Meriem le couve comme une mère poule, tandis que Hakim et les garçons apprécient sa présence parmi eux. Un jour, pourtant, il émet le désir de revoir ses parents adoptifs. Meriem est ébranlée.

Elle garde le silence un moment, puis relève les yeux vers le jeune homme qui attend sa réponse. Elle soupire et lance d’une voix tremblante :
- Je… Je comprends, mon chéri. Tahar et Yamina sont tes parents. Ceux que tu as toujours connus. Par contre, moi, je suis encore une étrangère à tes yeux.
M’hamed fronce les sourcils.
- Une étrangère ? Mais non. Pas du tout. Tu es ma maman. Je ne te vois pas comme une étrangère, moi.
Meriem soupire encore.
- Si tu te rends au bled, tu vas tout dévoiler à ta famille. Heu… Je ne t’en empêche pas, bien entendu, mais… mais comment vont-ils prendre les choses ?
M’hamed hausse les épaules.
- Je ne suis pas obligé de tout dévoiler. Je pourrai leur dire que je viens de retrouver la femme qui m’a mis au monde. J’ai bien le droit de connaître la vérité sur mes origines. N’est-ce pas maman ?
- Heu... Oui, bien sûr mon chéri. Je… Je crois que je vais t’accompagner au village. Hein ? D’ailleurs yemma Taos ne cesse de me tarabuster pour rentrer. Cela fait bien longtemps qu’elle n’a pas revu la ferme.
M’hamed ne répond pas. Il aurait aimé se rendre seul au village et raconter à ses parents la vérité. Cette vérité qu’ils connaissaient déjà, mais qu’ils n’avaient jamais voulu lui dévoiler. Néanmoins, si Meriem veut l’accompagner, il ne pourra pas s’y opposer. D’autant plus que la vieille Taos se languit de sa montagne. 
- Alors, c’est d’accord ? Nous rentrons tous ensemble au village ?
Il hoche la tête.
- Si tu penses que nous devrions nous y rendre tous ensemble, je n’y vois pas d’inconvénient. 
Elle se lève et l’embrasse sur la joue.
- Les garçons seront contents de passer le week-end en plein air.
Taos, qui récupère de son opération, est heureuse de pouvoir enfin rentrer chez elle. Elle est, certes, encore un peu faible, mais l’air de la montagne ne pourra lui faire que du bien.
Ils arrivent à la ferme vers la mi-journée. Houria n’est pas à la maison. Daouia leur ouvre la porte et ne cache pas sa joie de les revoir tous. Elle ne connaît encore rien sur les derniers événements et est plutôt choquée de constater la maigreur fort visible de Taos. Mais cette dernière la rassure, avant d’aller s’allonger sur le divan du salon. Le voyage l’a fatiguée, et elle aurait aimé dormir quelques heures pour se reposer. Meriem l’exhorte à se mettre au lit sans tarder. Kamel et Malek, comme à leur habitude, se sont esquivés dès leur arrivée. Ils se sont sûrement rendus auprès du vieux Ali ou de son fils Salim. M’hamed demeure au seuil de la porte. Daouia l’invite à rentrer, mais il secoue la tête.
- Non. Je vais me rendre dans ma famille.
Meriem revient vers lui.
- Alors, mon fils, tu veux nous 
quitter déjà ?
Il baisse la tête.
- Non. Je ne vous quitte pas, mais tu sais bien que je suis ici pour revoir mes parents. J’ai encore du chemin à faire. 
- Très bien. Tu peux partir. Mais promets-moi de revenir pour dîner avec nous.
- Je ne pourrai rien promettre. Je suis au village, et je dois revoir mes parents et ma famille.
Meriem se rembrunit.
- Et moi ? Je ne suis pas ta famille ?
Il se mord les lèvres.
- Tu es ma mère. Ma mère biologique. Eux… Eux ce sont mes parents. Ceux que j’ai toujours connus et côtoyés. Désolé, si cela te chagrine, mais je n’aimerais pas qu’ils se sentent délaissés.

 


À suivre

 [email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00