Économie LE CONTRAT DE TRANSIT DU GME PAR LE MAROC NE SERA PAS RENOUVELÉ

Alger ferme les vannes

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Youcef SALAMI Publié 06 Septembre 2021 à 23:19

© D. R.
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Conséquence immédiate de la rupture des relations avec le Maroc, Sonatrach a décidé de ne pas  renouveler  le  contrat de transit du gazoduc  Maghreb-Europe.    L’Espagne  sera   alimentée  en  gaz exclusivement via Medgaz. Alger paie annuellement 58 millions de dollars comme droit de passage.

Alger  coupe  définitivement  le  tube  gazier  qui  passe  par  le Maroc pour alimenter l’Espagne. Des sources sûres ont affirmé à Liberté que le contrat de transit lié au GME, un tube acheminant du gaz algérien à l’Espagne, qui passe par le territoire marocain, “ne sera pas renouvelé”.   C’est un dossier “définitivement clos”. 

En  vigueur  depuis 1996, ce  contrat  arrive  à  son  terme  le  31 octobre prochain. C’est là, probablement, la première conséquence de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Ainsi, l’Algérie a décidé de ne plus faire transiter sur le territoire marocain son gaz naturel destiné à l’approvisionnement du marché ibérique.

Alger se montre plus ferme en l’espèce, n’ayant manifesté aucune intention de faire marche arrière. Alors que des médias marocains se sont précipités sur cette affaire, soulignant que l’Algérie aurait engagé “discrètement des négociations” avec la partie espagnole, afin de trouver un moyen de “maintenir” ce contrat de transit.  Nos sources qualifient ces assertions de “pure fiction”, insistant sur le fait qu’il “n’y a plus rien à négocier dans ce dossier”.

La compagnie pétrolière Sonatrach, propriétaire du gazoduc, a pris les devants en mettant en place une alternative pour continuer d’assurer un approvisionnement en gaz naturel sans faille de l’Espagne, un de ses gros clients en Europe. Désormais, l’Espagne sera alimentée en gaz algérien exclusivement via le Medgaz, un gazoduc qui passe sous la mer Méditerranée et qui est opérationnel depuis mars 2011. 

Pour rappel, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a reçu, il y a quelques jours, l’ambassadeur d’Espagne à Alger, Fernando Moran, l’assurant que l’Algérie “s’engage à assurer l’ensemble des approvisionnements en gaz naturel de l’Espagne via ce gazoduc, qui passe par la Méditerranée”.

Arkab a mis en avant les efforts déployés par l’Algérie pour “garantir la sécurité des approvisionnements en gaz naturel du marché espagnol à travers les importants investissements consentis pour acheminer dans les meilleures conditions le gaz naturel sur ce marché”. 

De même, il a mis en exergue “les récents projets initiés, à l’image de l’extension des capacités du gazoduc Medgaz”, un projet dont se chargent Sonatrach et son associé dans le Medgaz, Naturgy, une entreprise espagnole spécialisée dans le commerce du gaz naturel.

Pour sa part, le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakar, a souligné, en juin dernier, que la compagnie qu’il dirige dispose “des capacités et des moyens de fournir le gaz nécessaire à son partenaire espagnol, selon les contrats déjà signés, mais aussi en cas de demande supplémentaire”, et ce, en renforçant les capacités de Medgaz dont les travaux d’élargissement se déroulent à un rythme soutenu. 

L’extension dont il s’agit permettrait d’accroître le débit de gaz naturel dans le gazoduc par la mise en service d’un quatrième turbocompresseur. Les capacités de ce gazoduc passeront de 8 milliards de mètres cubes par an actuellement à 10,5 milliards de mètres cubes par an, à la livraison du projet d’élargissement.

Mis en exploitation en 1996, le GME, appelé aussi gazoduc “Pedro Duran Farell”, achemine du gaz naturel à partir de Hassi R’mel vers l’Espagne  et le Portugal en traversant le détroit de Gibraltar. Long de 1 400 kilomètres, il transporte chaque année près de 12 milliards de mètres cubes. 

Ces deux pays font partie des partenaires traditionnels de l’Algérie en matière d’importation de gaz. Ils ont acheté, au premier trimestre 2021, 4,3 milliards de mètres cubes de gaz à l’Algérie, soit une augmentation totale de 122% par rapport à la même période en 2020. Des experts affirment que le Maroc aura beaucoup à perdre dans la cessation des activités d’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe. 

Le royaume chérifien, un pays sans ressources naturelles, assure la fourniture de ses besoins en gaz naturel grâce au GME (environ 700 millions de mètres-cubes). Ces quantités lui permettent de produire et de couvrir 12% de ses besoins en électricité à l’échelle nationale.

La rupture des relations bilatérales entre les deux pays annoncée, fin août dernier, a, en fait, sonné le glas de Maghreb-Europe. Il était évident que ce gazoduc ne pouvait continuer à exister dans un contexte d’instabilité et de tension continue.
 

Youcef SALAMI

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