Économie Entreprises publiques

Audit et restructuration en vue

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Ali TITOUCHE Publié 14 Février 2022 à 10:26

© D.R
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Le ministre de l’Industrie a annoncé le lancement d’un audit global dans tous les groupes sous tutelle afin d'y évaluer la gouvernance et le niveau de performance.

La peur d’un naufrage de l’industrie publique remet en selle le projet de réforme du secteur public marchand. Dans l’industrie particulièrement, sans les perfusions financières permanentes du Trésor, les entreprises ont du mal à faire tourner l’appareil de production. En la matière, les subventions de l’état propriétaire pleuvaient, ces dernières années, générant un coût financier énorme pour la trésorerie publique. L’état aurait injecté plus de 2 900 milliards de dinars dans des opérations d’assainissement des entreprises publiques en difficulté. Le ministère de l’Industrie en a recensé une trentaine, alors que 51 autres entreprises et unités industrielles publiques sont carrément à l’arrêt, selon le ministre, Ahmed Zeghdar.

Dans une interview accordée à l’agence APS, le ministre de l’Industrie a indiqué que le gouvernement a pris option en faveur d’une “approche purement économique” en matière de financement des groupes publics en difficulté. C’est-à-dire que les financements sont conditionnés désormais par un business plan centré sur les impératifs de création d’emplois et de richesses. Ainsi, “tous les établissements sont appelés à s'adapter à la nouvelle situation économique en vue d'assurer leur pérennité tout en contribuant à la création de la richesse et de la valeur ajoutée”, a expliqué le ministre.

Pour mener à bien le projet de réforme du secteur public marchand, l’état ne peut désormais plus faire autrement : il doit auditer l’ensemble des entreprises en difficulté et celles à l’arrêt, assainir leur trésorerie et proposer des perspectives économiquement viables, dont une ouverture du capital, une option qui a fait couler beaucoup d’encre courant 2020 et 2021, mais dont on ne parle plus pour des raisons jusqu’ici inconnues. En tout cas, le ministre de l’Industrie a annoncé le lancement d’un audit global dans tous les groupes sous tutelle afin d'en évaluer la gouvernance et le niveau de performance. C’est la énième annonce de ce genre qui vient relancer de plus belle la vieille polémique sur l’audit et l’assainissement des entreprises publiques ; l’ex-ministre de l’Industrie du gouvernement Djerad, Ferhat Aït Ali, avait déjà annoncé, en janvier 2021, qu’un travail d’audit par groupes et par filiales avait été accompli et finalisé et servira de tremplin à l’identification d’un plan de relance et de relais de croissance. 

Un rapport sur le bureau du Premier ministre
Ahmed Zeghdar remet le dossier sur le tapis et souligne qu'un rapport élaboré par les ministères de l'Industrie et des Finances avait été transmis au Premier ministère pour examen, portant sur les lacunes relevées en matière de gouvernance et de performance des gestionnaires ainsi que les solutions proposées. Sur cette question, il ne faut pas y aller par trente-six chemins pour admettre que la pénalisation de l’acte de gestion constitue le premier handicap entravant l’émergence d’une gouvernance opérationnelle performante.

Les nominations politiques des gestionnaires et l’absence d’obligation de résultats en sont d’autres. Sur cette question, l’état est dos au mur ; contraint d’aller chercher les compétences sur le marché libre et de réformer les modes de gouvernance, plutôt que de perpétuer une gestion peu efficiente, voire destructrice de richesses. Ahmed Zeghdar a indiqué que des mécanismes pour l'amélioration de la gouvernance des entreprises ont été mis en place, dont la conclusion de contrats de performance adaptés aux spécificités de chaque groupe industriel ou holding, en plus de l'élaboration d'un règlement intérieur pour le conseil d'administration et d'un code de déontologie pour les membres de ces conseils. Au-delà des impératifs financiers que pose l’enjeu de réforme du secteur public marchand, il faut reconnaître que certaines entreprises se sont progressivement retrouvées dans une situation d’incapacité de reproduire les mêmes métiers, faute d’innovation et de rénovation de leur appareil de production, ce qui rend la mission de leur redémarrage pour le moins complexe et coûteuse. 

Ce pourquoi des options autres que la restructuration et le renflouement répétition des caisses des entreprises s’imposent. Car, il s’agit, en définitive, de mettre les entreprises sur une perspective leur permettant d’agir de manière autonome et de limiter le rôle de l’état au contrôle, à la régulation et à l’assainissement de l’environnement direct dans lequel évoluent à la fois les entreprises publiques et privées.

 


Ali Titouche  

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