Économie D’IMPORTANTES CRÉANCES DÉTENUES SUR LES ENTREPRISES SONT CONSIDÉRÉES COMME IRRÉCOUVRABLES

L’argent perdu des banques

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Ali TITOUCHE Publié 23 Septembre 2021 à 01:25

© D. R.
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Les  créances détenues  par les banques sur certaines entreprises publiques  et  des  groupes  privés  ont  entraîné  une  importante accumulation d’arriérés qui ont gravement impacté la solvabilité des établissements financiers. Le Premier ministre a d’ailleurs soulevé, mardi au Sénat, un coin du voile sur les dégâts occasionnés par une activité crédit peu soucieuse des garde-fous imposés par la Banque d’Algérie.

Les créances non performantes et irrécouvrables ont fortement augmenté ces dernières années dans des proportions qui ne laissent plus le gouvernement indifférent. Depuis plusieurs années déjà, les institutions de Bretton Woods et les économistes n’ont cessé de sonner le tocsin quant à la formation, au sein du secteur bancaire public, d’une potentielle “bulle” autour des créances non performantes et irrecouvrables.

Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a soulevé, mardi au Sénat, un coin du voile sur les dégâts occasionnés par une activité crédit peu soucieuse des garde-fous imposés par la Banque centrale, voire des exigences en matière de cautionnement, de rentabilité et de viabilité économiques des projets  financés.

Le Premier ministre, qui plaidait devant les parlementaires de la haute chambre, en faveur une “réforme profonde” du système bancaire et financier, a indiqué que son gouvernement a “entamé ces réformes, à travers la révision de la gouvernance des banques publiques et les mécanismes d’octroi des crédits destinés aux investissements productifs, loin des pratiques anciennes basées sur le clientélisme qui a engendré l’accumulation d’un grand nombre de prêts non performants et irrécouvrables”.

C’est un secret de Polichinelle que les risques d’impayés sur plusieurs crédits attribués aussi bien aux entreprises privées qu’aux groupes publics étaient si élevés.

Depuis plusieurs années déjà, le Fonds monétaire international (FMI) alertait sans relâche sur les risques budgétaires et de liquidité que font peser les liens financiers entre les banques publiques et les entreprises du secteur public marchand, où l’administration centrale servant toujours d’intermédiaire. 

“Les créances sur certaines grandes entreprises publiques sont une source de risque pour certaines banques publiques”, avait écrit le FMI en 2017, année durant laquelle la planche à billets avait été adoptée à l’issue de plusieurs opérations de réescompte et d’Open Market qui se sont révélées infructueuses.

Quelques années plus tôt, les alertes d’une crise des “crédits non performants” retentissaient déjà ; la baisse des recettes pétrolières sous l’effet du choc pétrolier de la mi-2014 “s’est traduite par des arriérés envers les entreprises et les banques, ce qui a réduit leurs marges de trésorerie, et s’est ressentie dans l’ensemble de l’économie”, avait écrit l’institution de Bretton Woods.

Cependant, les difficultés rencontrées par les entreprises publiques, qui se sont propagées aux banques publiques, ne sauraient être l’unique facteur ayant contribué à la hausse des créances non performantes et/ou irrécouvrables.

La qualité des portefeuilles des banques s’est nettement dégradée ces dernières années en raison des encours importants qu’elles détenaient sur des groupes privés dont les patrons font l’objet de poursuites judiciaires. 

Ainsi, les créances sur certaines grandes entreprises publiques, combinées aux encours détenus sur des groupes privés, ont entraîné une importante accumulation des arriérés pour de nombreuses entreprises. Ce qui a impacté la solvabilité des banques.

La hausse sensible des produits improductifs, dont certains crédits sont classés carrément irrécouvrables, a ainsi compliqué la gestion du secteur, en période de baisse de la liquidité, obligeant la Banque centrale à recourir, à nouveau, à la planche à billets, afin de renflouer les caisses des banques et tenter de relancer l’activité crédit. 

L’aggravation du risque-crédit, en raison de la hausse sensible des créances non performantes et irrécouvrables auxquelles fait référence le Premier ministre, fait craindre aux opérateurs le risque d’un déclin de l’activité crédits et des conséquences inéluctables sur l’investissement et la croissance, alors que la morosité économique risque de s’installer dans la durée.     
 

Ali TITOUCHE

 

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