Économie Groupes privés dont les patrons sont en prison

Le bilan douteux des administrateurs

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Ali TITOUCHE Publié 03 Janvier 2021 à 09:34

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Le mandat des administrateurs provisoires désignés à la tête des entreprises dont les patrons sont poursuivis par la justice, a donné lieu à de nombreuses anomalies.    

L’État vient de mettre officiellement fin aux fonctions des administrateurs désignés à la tête des entreprises dont les patrons font l’objet de poursuites judiciaires. Le mandat des administrateurs ne s’est pas déroulé comme prévu et n’a pas permis le redressement tant “promis”. Les administrateurs partent sur des soupçons de délits, avons-nous appris auprès de sources bien informées. 

Il leur est reproché d’avoir “fixé leurs indemnités, s’élevant à 40 millions de dinars chacun, tout en prélevant des frais professionnels”. Mais pas seulement. Les administrateurs auraient mis à leur profit le parc automobile de l’entreprise, des bons d’essence, des lignes téléphoniques, etc.

“Il y a là un flagrant délit d’abus de biens sociaux”, à en croire nos sources ; celles-ci précisant que le comportement des administrateurs “était pour le moins contraire aux missions pour lesquelles ils étaient désignés, à savoir la protection et le développement des entreprises concernées”. 

Pour Me Nasr-Eddine Lezzar, avocat d’affaires, si ces accusations viennent à être confirmées, “nous serons carrément devant un cas d’abus de confiance et une attitude criminelle dont les auteurs sont passibles de poursuites”. Autrement dit, “les juges qui les ont désignés doivent aussitôt engager des poursuites. Ces mêmes juges avaient pour mission de contrôler ces administrateurs”, soutient Me Lezzar.

Pour rappel, à la mi-2019, les juges enquêteurs, saisis des dossiers des sociétés appartenant aux groupes Haddad, Tahkout, Kouninef, Condor, Ival, Mazouz et Amenhyd, ont rendu des ordonnances de désignation d’administrateurs, experts financiers agréés, pour la gestion de ces sociétés. La nomination desdits administrateurs s’inscrit “dans un souci d'assurer la pérennité des activités des dites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d'emploi et d'honorer leurs engagements envers les tiers”, lit-on dans l’une des ordonnances de désignation.

Quelques mois plus tard, les administrateurs sont débarqués au profit de nouveaux “managers”. À la base, il y avait une erreur de casting, estime Nasr-Eddine Lezzar. Aussitôt investis de titres d’administrateurs, “ces derniers ont enfilé le costume de liquidateurs, sans gérer ni générer des activités”, indiquent nos sources. Pièces maîtresses dans l’arsenal de mesures déployé par l’État pour aider les groupes à traverser la zone de turbulences, les administrateurs semblent avoir complètement failli. Rares sont les entreprises ayant réussi à générer des activités et des profits durant le mandat des administrateurs.

Pis encore, ces groupes ont vu fondre leur trésorerie et leurs activités étaient pratiquement à l’arrêt. La situation au sein de ces entreprises est d’autant plus inquiétante que les nouveaux managers risquent, soit de hisser le drapeau blanc, soit d’accélérer la liquidation. Pour Nasr-Eddine Lezzar, “la désignation de nouveaux managers est tardive car cette opération intervient dans une phase de liquidation”. Dit autrement, les dépositaires de l’autorité publique “auraient dû s’intéresser à ces nouveaux profils un peu plus tôt car les groupes privés sont pratiquement liquidés”, estime Me Lezzar. 

C’est comme mettre la charrue avant les bœufs. Car, les administrateurs désignés depuis la mi-août “se sont collé de pures missions de liquidation, plutôt que de tenter de pérenniser les activités”. De nouveaux managers viennent d’être désignés à la tête des groupes dont les patrons croupissent en prison. Leur mission s’annonce difficile. Le mandat de leurs prédécesseurs fait grincer des dents au sein de l’Exécutif et de la communauté d’affaires.

Le régime d’administration judiciaire décidé pour les groupes Haddad, Tahkout, Kouninef, Condor, Ival, Mazouz et Amenhyd suscite, désormais, moult questionnements sur la sauvegarde de ces entreprises. 

 


Ali Titouche

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