Économie Analyse du Crédit Agricole sur l’économie algérienne

Le contexte actuel défavorable aux réformes

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Meziane RABHI Publié 21 Février 2021 à 00:06

© D. R.
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Le chômage devrait se situer à 13,6% en Algérie, selon les dernières prévisions du groupe bancaire français Crédit Agricole.

Les mesures sanitaires, les confinements successifs et la faiblesse des prix du pétrole (42 dollars par baril) sur l’ensemble de l’année ont eu des effets très dommageables sur l’économie algérienne. En raison de la crise, le chômage devrait augmenter à 13,6%.

C’est ce que relève le groupe bancaire Crédit Agricole dans sa dernière publication hebdomadaire Perspectives. Selon le groupe bancaire français, les effets combinés de la baisse des volumes d’hydrocarbures produits en 2020 (-9%), liée à celle des prix (-35%), ont fortement contracté le produit intérieur brut (PIB) pétrolier, tandis que le PIB hors pétrole devrait également connaître une récession.

“L’ensemble des composantes de la croissance est en territoire négatif : la consommation des ménages et celle des entités gouvernementales devraient se contracter de 7%, de même que la production industrielle ; tandis que la chute des investissements et des exportations pourrait, pour sa part, dépasser les 13% sur l’année 2020”, constate le Crédit Agricole.

Au total, prévoit-il, “la récession devrait donc dépasser les 8%, bien au-delà de la moyenne des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui devrait s’établir à 5%”.  Cette forte récession entraînera un creusement des déficits budgétaire et courant. “Avec plus de 11% du PIB à la fois pour le déficit budgétaire et le déficit courant, l’Algérie se situera dans la fourchette très haute des déséquilibres macroéconomiques de la région”, indique le groupe bancaire.

Comme au cours des années passées depuis 2014, note-t-il, “l’impact mécanique sera constaté tout d’abord sur la hausse de la dette publique qui devrait progresser de 46% à 60% du PIB, une hausse de 14%, elle aussi supérieure à la moyenne régionale (10%), mais inférieure à celle des pays d’Europe (environ 20%)”.

Ensuite, ajoute-t-il, en l’absence de dette externe, “le déficit courant s’est, d’ores et déjà, traduit par une chute des réserves en devises qui se sont établies à 48,9 milliards de dollars à fin 2020, une chute de 14,4 milliards de dollars, soit de 23% par rapport à fin 2019. Elles représentent, toutefois, toujours un tiers du PIB à fin 2020”. Ces déséquilibres très profonds ont eu évidemment un impact sur le change.

Selon le Crédit Agricole, au cours de l’année 2020, le dinar algérien s’est déprécié de 11% par rapport au dollar américain et de 21% par rapport à l’euro qui, lui, s’est réapprécié par rapport à la devise américaine. “La Banque centrale devrait continuer d’essayer de contenir la baisse du change pour éviter de l’inflation importée”, estime le groupe bancaire français.

Pour ce dernier, la hausse des prix du pétrole entre 50 et 60 dollars le baril en début d’année 2021 est une bonne nouvelle pour l’Algérie et alimente, avec la poursuite des vaccinations, les espoirs de redressement de la croissance à environ 3% en 2021. “Malheureusement, les incertitudes sur l’atténuation rapide de la pandémie et la pérennité de la hausse des prix du pétrole laissent planer des doutes sur la vigueur de la reprise.

De plus, celle-ci ne sera pas suffisante pour faire baisser significativement les déficits jumeaux”, indique la même institution. L’Algérie, prévoit-elle, “devrait donc connaître encore des années d’incertitude économique et de hausse de son endettement public, tant que son modèle d’économie rentière restera aussi inadapté à la situation actuelle”.

Le groupe bancaire français pense que la situation sociale et politique n’est pas favorable à la mise en œuvre de mesures impopulaires qui demandent des sacrifices à la population. C’est pourtant, soutient-il, sur le front des réformes de structure que le gouvernement devra s’atteler pour améliorer significativement la compétitivité de l’économie hors pétrole, réduire l’économie informelle et créer un environnement favorable au développement de l’entreprise privée. 
 

Meziane RABHI

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