Économie Il accapare près d’un tiers de l’économie algérienne, selon la Banque mondiale

Le poids écrasant de l’informel

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Ali TITOUCHE Publié 25 Mai 2021 à 09:27

L’informel accapare 30% de l’économie algérienne. © Archives Liberté
L’informel accapare 30% de l’économie algérienne. © Archives Liberté

La Banque mondiale évalue à environ 30% la part de l’informel dans l’économie algérienne alors que la moyenne régionale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n’excède pas 22%. La prédominance de l’économie de l’ombre réduit ainsi drastiquement la capacité à mobiliser les ressources pour stimuler l’activité économique.

L’informel représente environ un tiers du produit domestique réel de l’Algérie. Un rapport de la Banque mondiale (BM) qui met sous les feux de la rampe le poids de l’informel dans les économies émergentes et en développement conclut que la part de ce secteur dans la production interne de biens et services a atteint environ 30% en Algérie entre 2010 et 2018, soit quasiment le même niveau que celui enregistré durant la période 1990-1999. 

Un tiers de l’activité économique échappe donc aux radars des pouvoirs publics en Algérie, alors que la moyenne régionale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord affiche un taux de 22%. Le rapport de l’institution de Bretton Woods montre, en effet, que l’étendue du secteur informel en Algérie est dans les mêmes proportions qu’en Égypte, au Maroc, au Liban et en Tunisie, même si son ampleur en Égypte et au Maroc durant la période 2010-2018 a nettement baissé comparativement à la décennie 1990. 

Les crises financière et pétrolière post-2008 et 2014 semblent ainsi précipiter nombre d’activités commerciales et de services dans les circuits invisibles de l’économie, période durant laquelle la pression fiscale sur les contribuables algériens était parmi les plus handicapantes de la région. Selon la Banque mondiale, le secteur informel représente plus de 70% de l’emploi total dans les économies émergentes et en développement et contribue à pratiquement un tiers du PIB.

“La prédominance de cette économie de l’ombre réduit la capacité des pays à mobiliser les ressources budgétaires nécessaires pour stimuler l’activité économique en période de crise, mener des politiques macroéconomiques efficaces et constituer le capital humain indispensable au développement à long terme”, lit-on dans le rapport de la Banque mondiale qui souligne, par ailleurs, que les travailleurs informels sont majoritairement des femmes et des jeunes peu qualifiés. 

En Algérie, les jeunes sans qualification représentent un peu plus de 20% des personnes sans emploi réel, un taux moins élevé que la moyenne régionale, même si cette catégorie est la plus exposée aux chocs économiques et sociaux. Mari Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats, souligne à juste titre dans ledit rapport qu’en pleine crise de Covid-19, les travailleurs de l’informel “sont souvent laissés-pour-compte, sans possibilité de bénéficier d’une protection sociale lorsqu’ils perdent leur travail ou qu’ils subissent de lourdes pertes de revenu”. 

L’étude de l’institution de Bretton Woods met aussi un coup de projecteur sur l’impact de l’économie souterraine sur la croissance, soulignant que la prévalence de l'informel sape les mesures visant à ralentir la propagation du coronavirus et relancer la croissance. “Un niveau élevé d’informalité rime également souvent avec de médiocres performances de développement. Les pays ayant un secteur informel important se caractérisent par un revenu par habitant plus faible, une pauvreté plus répandue, de plus fortes inégalités de revenu, des marchés financiers moins développés et des investissements moins nombreux”, lit-on dans l’étude de la Banque mondiale. 

Cette institution multilatérale conclut qu’en Europe-Asie centrale et Amérique latine-Caraïbes, comme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le poids de la réglementation et de la fiscalité et la faiblesse des institutions sont deux facteurs importants de l’informalité. 

 


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