Les importations des biens d’équipements industriels ont chuté de 31,82% à l’issue des onze premiers mois de 2020 comparativement à la même période de 2019, lit-on dans les dernières données en date publiées par l’administration douanière.
Les importations des biens d’équipements industriels se sont chiffrées à 8,34 milliards de dollars seulement, occupant le premier rang dans la structure des importations avec, au tableau, une part de 26,55%. Les importations des demi-produits, destinés généralement au fonctionnement de l’outil de production, ont, elles aussi, baissé de 23,02% durant les onze premiers mois de 2020 comparativement à 2019.
Force est de constater ainsi que la part prépondérante de l’équipement industriel et des produits destinés au fonctionnement de l’appareil de production dans la structure globale des importations ne reflète point un quelconque mouvement d’enthousiasme en faveur de l’investissement, puisque le groupe “biens d’équipements industriels” était constitué essentiellement de postes téléphoniques d’usagers, de turboréacteurs, de turbopropulseurs et autres turbines à gaz, des articles de robinetterie pour tuyauterie et de véhicules automobiles pour le transport de marchandises, pompes pour liquides et pompes à air ou à vide.
Le groupe des “demi-produits” est, quant à lui, constitué de tubes, de tuyaux et de profilés creux sans soudure en fer ou en acier, de polymères d’éthylène, de demi-produits en fer ou en acier, de produits laminés… de surcroît produits localement.
Le bilan de l’administration douanière peut sembler anodin, mais il s’agit, paradoxalement, d’une mauvaise nouvelle pour l’économie, car cette baisse de la valeur des importations des biens d’équipements industriels signifie que le déclin de l’investissement a été, vraisemblablement, plus prononcé durant le précédent exercice.
À y regarder de plus près, certains produits constituant les deux groupes de biens d’équipements industriels et les demi-produits sont soit fabriqués localement, soit profitant marginalement à l’économie.
En 2019, alors que l’activité économique était au ralenti, en raison de la panne politique et de l’absence de perspectives, les importations des biens d’équipements industriels ont connu un mouvement baissier de 19,92%, alors que les achats en demi-produits destinés à l’outil de production ont baissé de près de 7%.
Les importations de biens d’équipements industriels ont totalisé une facture de 13,20 milliards de dollars en 2019, occupant le premier rang dans la structure des importations globales avec une part de 31,48%. En 2019, les voitures de tourisme et autres véhicules automobiles principalement conçus pour le transport des personnes ainsi que les collections destinées aux industries de montage ont constitué l’essentiel des biens d’équipements industriels importés.
Les machines et appareils destinés aux industries ne pesaient que 2,48% dans les importations des biens d’équipements industriels, soit pour une valeur de 327 millions de dollars seulement. Les demi-produits ont, en revanche, totalisé une facture de 2,01 milliards de dollars en 2019.
Une lecture des statistiques fait ressortir, certes, une baisse des importations, mais les budgets injectés dans l’importation des équipements industriels et des produits destinés à l’outil de production restent importants sans qu’un retour sur investissement soit garanti.Cela s’explique par le fait que l’équipement et les produits dédiés réellement à l’investissement et à la production ne pèsent que faiblement dans la structure des importations.
En annonçant un coup de rabotage dans le budget dédié aux importations, le gouvernement ferait mieux de se mobiliser sur l’usage à bon escient des devises destinées aux importations, en donnant la priorité à celles destinées à remettre le pays sur la trajectoire de croissance. Les prêts bancaires seront mieux remboursables et remboursés que ceux destinés à importer des produits fabriqués localement et/ou d’autres consommables superflus.
Ali TITOUCHE