Économie Politique monétaire et relance économique

Les limites de l’intervention de la Banque d’Algérie

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Meziane RABHI Publié 09 Février 2021 à 22:32

© Louiza Ammi/Liberté
© Louiza Ammi/Liberté

Si   les  instruments  monétaires  actionnés  par  la  Banque  d’Algérie sont nécessaires en cette période de crise, ils ne sont cependant pas suffisants pour relancer l’économie. 

Le comité des opérations de  politique  monétaire  de  la  Banque d’Algérie (BA) a décidé, une nouvelle fois de réduire le taux de réserves obligatoires pour les banques primaires de 3 à 2%, et ce, à compter du 15 février 2021.

La décision “ est   de  nature  à  permettre  de  libérer, pour  le  système bancaire, des marges supplémentaires de liquidités à même de renforcer davantage les capacités de financement des banques, en droite ligne avec la politique nationale de relance et de diversification économique”, souligne la Banque d’Algérie dans un communiqué.

La   Banque  centrale  oblige  les  banques   à   maintenir  en  réserves obligatoires à son niveau, un certain pourcentage de leurs actifs les plus liquides. La manipulation des réserves devient alors un levier pouvant être utilisé pour augmenter ou diminuer le niveau de liquidités dans les comptes des banques.

Dans  un  contexte  d’assèchement  de  la  liquidité, amorcé  après  la suspension du dispositif de “la planche à billets” et aggravé par les effets de la crise sanitaire, le taux de réserves obligatoires (TRO) auquel sont soumises les banques est passé de 10% en décembre 2019 à 3% en septembre 2020. Le TRO était de 12% en février 2019, quand les liquidités bancaires étaient élevées. 

La baisse du TRO de 3% à 2% devrait libérer un montant proche de 100 milliards de dinars de liquidités. Certains experts estiment que la Banque d’Algérie  pourrait  encore baisser  le  taux  de  réserves  obligatoires  si nécessaire. Elle dispose encore d’une marge de manœuvre.

Cependant, estiment ces experts, si les instruments de politique monétaire actionnés  par  la  Banque  d’Algérie  sont, effectivement, nécessaires  et salutaires, en cette période de crise, ils ne sont pas suffisants pour relancer la machine économique. “Le traitement monétaire seul  ne  suffit pas” estime l’expert Abderrahmane Benkhalfa, envoyé spécial de l’Union africaine et ancien ministre des Finances.

Selon lui, “les instruments de politique monétaire, notamment le coût de refinancement, les réserves obligatoires et l’ajustement de la cotation du dinar, qui sont aménagés durant cette période de récession visent à mettre à la disposition des banques d’avantage de liquidités pour qu’elles puissent, à leur tour, alimenter une intermédiation bancaire forte en faveur des entreprises”. 

L’envoyé spécial de l’Union africaine signale que dans tous les pays, les autorités monétaires et les Banques centrales ont mis en branle des politiques monétaires accommodantes pour faciliter aux banques l’allocation des crédits et permettre à la sphère réelle de rebondir.

Il y a eu des apports garantis par les Banques centrales “parfois à des taux proches de zéro”, indique Abderrahmane Benkhalfa. Cependant, précise-t-il, ces politiques accommodantes doivent être conjoncturelles, parce qu’elles visent à relancer la sphère réelle. Il faut, également, s’assurer que le traitement monétaire enclenche une dynamique économique.

Les politiques monétaires accommodantes “doivent être accompagnées d’ajustements structurels et de réformes”, plaide l’ancien ministre des Finances. Ce dernier évoque la nécessité de relancer le chantier de l’inclusion bancaire pour capter l’argent de l’informel, à travers des mesures incitatives et non d’une manière administrative.

L’expert financier suggère, aussi, d’autres pistes, entre autres, le lancement d’emprunt obligataire, y compris les Sukuk. Abderrahmane Benkhalfa insiste sur les réformes économiques et la régulation des marchés. Pour l’ancien ministre des Finances, les banques doivent mettre à la disposition des entreprises, anciennes et nouvelles, une offre de crédit à un coût raisonnable.

Mais il faut que ces entreprises soient capables de rembourser les crédits contractés. Pour lui, “il ne s’agit pas de faciliter le crédit, il s’agit de multiplier les nouvelles dynamiques entre les banques et les entreprises, en étant toutes les deux dans un processus de relance économique qui en Algérie doit être doublé d’un processus de réformes économiques”.    
 

Meziane RABHI

 

 

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