Économie Nadia Chioukh, directrice de la coopération au Commissariat aux énergies renouvelables

“Les réalisations restent relativement maigres”

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Said OUSSAD Publié 27 Mai 2021 à 09:25

© D.R
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 Rencontrée en marge du 11e Salon international des énergies renouvelables, énergies propres et du développement durable, qui s’est tenu à Oran, Nadia Chioukh aborde, dans cet entretien, la politique nationale de la transition énergétique.

Liberté : Quels sont les rôles et missions du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (Cerefe) ?

Nadia Chioukh : Le Ceref est un organisme public, une sorte de think tank, créé en octobre 2019 auprès du Premier ministre et qui a pour missions principales de contribuer à l’élaboration de la politique nationale des énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.
C’est aussi un outil d’évaluation pour cette politique et sa mise en œuvre. Parmi aussi les missions du Cerefe, l’élaboration des rapports sur les aspects techniques des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Le premier rapport, élaboré en étroite collaboration avec tous les secteurs économiques, concerne la transition énergétique en Algérie et dresse un bilan sur les réalisations. Il présente trois grands chapitres sur l’expérience internationale, dresse un état des lieux des réalisations en Algérie et fait une analyse de la situation énergétique dans le pays. Enfin, il présente des grandes lignes et des recommandations de la vision du Cerefe par rapport à la transition énergétique.

L’Algérie est-elle en bonne voie pour concrétiser sa transition énergétique ?

Il y a beaucoup à faire. Le bilan, en lui-même, qualifie les réalisations d’insuffisantes. Les résultats restent relativement maigres et, globalement, on peut dire qu’il reste beaucoup à faire pour lancer les programmes des énergies renouvelables dans notre pays. Les recommandations du Cerefe sont proposées pour aller vers plus de réformes et une ouverture sur l’offre de consommation, de production de l’électricité avec des politiques sectorielles bien structurées et des objectifs clairs permettant aux opérateurs d’aller vers la mise en œuvre de ces programmes. 
Le Cerefe a-t-il un rôle décisionnel ou est-il simplement un organe consultatif ?
C’est un organisme consultatif auprès du Premier ministre. Il établit des rapports en toute objectivité et donc il oriente et contribue à la politique nationale des énergies renouvelables.

La politique nationale de transition énergétique reste encore au stade des balbutiements…

En fait, les lectures diffèrent. Si on prend par exemple le cadre réglementaire qui existe déjà, on dira qu’il va permettre de lancer réellement l’activité dans le domaine des énergies renouvelables et d’accélérer la transition énergétique, mais par rapport aux textes exécutifs et aux réalisations sur le terrain, on constate un décalage.

Prévoyez-vous des échéances claires pour la concrétisation du programme national de transition énergétique ?

Le Cerefe ne fixe pas de délais ; nous faisons des recommandations pour accélérer la mise en place de cette politique et donnons un avis sur cette question. Nous essayons d’accompagner techniquement le secteur économique qui souhaite accélérer sa transition énergétique. À ce sujet, il existe une convention entre le ministère de l’Intérieur et le Cerefe qui consiste en une assistance technique dans le programme des énergies renouvelables au niveau des collectivités locales. Le Cerefe intervient dans l’élaboration des cahiers des charges – dans leur volet technique – qui permettront aux collectivités locales un bon déploiement des énergies renouvelables. Le Cerefe est donc intervenu, ces trois derniers mois, dans une douzaine de communes à travers le pays.

Quelles sont les principales recommandations formulées par le Cerefe pour accélérer le déploiement du renouvelable ?

Le Cerefe a élaboré ce que nous avons appelé des messages-clés pour le déploiement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Il invite à fédérer les efforts, à utiliser les moyens pour un développement intégré pour l’accélération de ce programme national. On parle de la nécessité de mettre en place un modèle énergétique durable, ce qui est une de nos priorités. On se focalise aussi sur la libéralisation de la production électrique et la garantie de l’accès au réseau national de transport et de distribution aux producteurs indépendants. Nous savons que Sonelgaz est en train de travailler sur ce volet et sommes ouverts à toute collaboration dans ce sens. 

Ce programme de transition énergétique repose-t-il sur un modèle propre et adapté au contexte national ?   

Cela sera un modèle algérien typique. Chaque pays a développé son modèle de transition. Le rapport qu’on a établi présente une sorte de benchmarking de certains modèles énergétiques d’autres pays, leur évolution, leurs objectifs et les résultats atteints. On peut apprendre des autres expériences et de leurs erreurs, mais le modèle algérien doit être développé en reprenant les données économiques et politiques de notre pays. Dans le rapport, on a aussi évoqué les différentes sources d’énergie, en dehors du solaire, comme l’éolien, le thermique ou la valorisation des déchets.

Qu’en est-il de l’évaluation des coûts de cette transition ? 

Quand on traite la problématique des énergies renouvelables, on traite le all package. Les indicateurs économiques sont très en faveur des énergies renouvelables, donc on ne peut traiter la question des coûts indépendamment des autres paramètres, mais ce n’est pas un élément qui risque de bloquer son déploiement. C’est tout un écosystème qu’il faut mettre en place. 

 

 

Propos recueillis par : SAÏD OUSSAD

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