Économie MARCHÉ OFFICIEL DES DEVISES

L’ouverture de bureaux de change n’est pas envisageable

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Meziane RABHI Publié 05 Mai 2021 à 22:57

© D. R.
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Confrontées au tarissement des ressources en devises, les autorités ne pourront envisager un quelconque marché où l’accès au change officiel deviendrait plus libre et plus facile.

Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a tenu avant-hier à préciser, une nouvelle fois, que les bureaux de change sont destinés aux non-résidents qui viennent échanger leurs devises contre des dinars algériens. Ce type de bureaux “sont disponibles dans des pays comptant un grand nombre de touristes vu que ces établissements sont destinés à couvrir leurs besoins et non pas pour les citoyens résidants”, a ainsi indiqué Aymen Benabderrahmane, cité par l’APS.

En d’autres termes, en l’absence d’activité touristique plus ou moins développée, l’ouverture de bureaux de change en Algérie ne constitue pas une priorité. Il y a quelques années, rappelle-t-on, la Banque centrale avait annoncé que 46 agréments avaient été accordé à des bureaux de change, dans le cadre de l’ancienne instruction n°08-96 du 18 décembre 1996. Six seulement ont effectivement été créés. La BA avait évoqué le retrait de 40 agréments.

Treize ont été retirés à la demande des bénéficiaires et 27 ont été annulés pour non-création de bureaux de change. La frilosité pour l’ouverture de bureaux de change s’explique par la faible offre de devises et par la faible rémunération offerte à ces bureaux, qui était fixée à l’époque à 1%. Mais pas seulement. Certains économistes pointent, également, la prime appliquée sur le marché parallèle, beaucoup plus importante par rapport au taux de change officiel.

Les amendements introduits, en 2016, au règlement relatif aux règles applicables aux transactions courantes avec l’étranger et aux comptes devises n’a pas changé la situation. Selon des experts, une attractivité des niveaux de rémunération des bureaux de change officiels passerait davantage par un alignement ou un rapprochement des parités officielles et parallèles des devises que par la fixation de commissions plus ou moins appréciables.

En 2018, le Fonds monétaire international (FMI) a consacré une analyse au marché des changes parallèle en Algérie, relevant qu’il gagnait en ampleur et en sophistication. Pour l’institution financière internationale l’offre de devises sur le marché parallèle provient probablement, pour la majeure partie, du rapatriement des retraites d’anciens expatriés algériens, des envois de fonds d’expatriés algériens actuels, de la surfacturation des importations et des recettes touristiques qui échappent au secteur bancaire.

La demande semble être alimentée par les opérations de change en vue d’importations faisant l’objet de restrictions ou d’autres achats pour lesquels le bien-fondé de l’opération ne peut être établi, de la fuite de capitaux pour investir à l’étranger ou échapper à l’impôt, et/ou comme réserve de valeur et la spéculation sur les fluctuations des taux de change officiel et parallèle. “L’existence du marché parallèle complique la gestion macroéconomique car elle alimente les anticipations inflationnistes, fausse la formation des prix et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire”, estime l’institution de Bretton Woods.

L’ajustement progressif du taux de change officiel, le relèvement des plafonds indicatifs des montants en devises que les voyageurs peuvent emporter et l’assouplissement des restrictions aux importations pourraient réduire l’ampleur du marché parallèle, mais ne suffiraient pas à l’éliminer. Pour le FMI, l’unification des deux marchés ne sera possible qu’en libéralisant progressivement les transactions en capital, une mesure qui ne pourra être envisagée qu’une fois les conditions macroéconomiques devenues plus favorables.

En l’état actuel des choses, le pays, confronté qu’il est à un grave problème de tarissement de ses ressources en devises, ne peut envisager d’alimenter un quelconque marché où l’accès au change deviendrait plus libre et plus facile. Par ailleurs dans un contexte où le dinar est en perpétuelle chute et où l’inflation repart fortement à la hausse, la gestion du taux de change risque d’être problématique. 
 

Meziane RABHI

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