L’Algérie est-elle condamnée à lier son sort à celui de ses richesses pétrolières que l’on sait éphémères ? Dans l’incapacité de mettre en place une économie affranchie de l’activité des hydrocarbures, le pays est comme pris en otage par une gestion éculée de ses affaires. En conséquence, ce seront les cours des hydrocarbures qui continueront d’imprimer le rythme à suivre dans tout ce que l’État entreprend. Les gouvernements auront les yeux rivés sur les courbes suivies par l’or noir sur les marchés mondiaux pour confectionner les lois de finances. Ils dévoileront des mines joviales lorsque les prix remontent et défaites quand les cours plongent.
Parce qu’avant tout, les recettes tirées de la vente du pétrole brut fondent structurellement une politique basée sur la redistribution de la rente. Dans l’esprit des responsables qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’indépendance, la manne pétrolière offre sur un plateau un pouvoir qu’il n’est pas évident d’acquérir par les voies consacrées de la légitimité populaire. Et c’est précisément cette façon de concevoir l’exercice du pouvoir qui inhibe toutes les solutions que les spécialistes ne cessent de préconiser pour sortir de cette dépendance devenue avec le temps et à bien des égards, dangereuse pour la stabilité du pays. Ainsi, tant que ceux qui ont la décision ne changent pas leur perception par rapport à cette problématique, tous les bons discours et toutes les bonnes volontés ne peuvent suffire à acter la transition tant espérée.
La construction d’une économie diversifiée, solide et libérée des boulets bureaucratiques qui la tirent vers le bas, devient bien plus qu’une exigence si tant est que le pays aspire réellement à préserver sa souveraineté. Évidemment, et les spécialistes sont unanimes à le crier, ce ne sont pas les moyens et les potentialités tant humaines que matérielles qui manquent. Le pays recèle d’immenses richesses en termes de ressources humaines et naturelles qui peuvent le propulser au rang d’économie émergente. Pour peu que la volonté politique existe et que les actes puissent suivre les discours, l’Algérie peut relever le défi de s’extirper définitivement et durablement de l’emprise du tout-pétrole.
Il reste à savoir si les tenants du pouvoir sont réellement convaincus de l’impératif de passer le cap des atermoiements pour aller vers une véritable diversification économique qui, pourtant et sans nul doute, ne sera que bénéfique pour le pays.