Éditorial

Bâillon

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Karim KEBIR Publié 27 Juin 2021 à 23:52

Qui aurait pu l’imaginer un jour ? Évoquer ou commenter des questions d’Histoire peut conduire devant les tribunaux. C’est pourtant ce à quoi nous assistons depuis quelques mois déjà. Pour avoir qualifié avec des propos peu amènes l’architecte de la Révolution, Abane Ramdane, l’ex-directeur de la culture à M’sila s’était retrouvé derrière les barreaux avant d’être libéré.

C’est visiblement pour des motifs similaires que l’ex-député et fils du colonel Amirouche, cible d’une plainte, a été arrêté. Même si rien ne filtre, pour l’heure, sur les raisons de son arrestation, il est difficile de ne pas voir de lien de cause à effet avec sa sortie fracassante sur les plateaux d’une chaîne de télévision stigmatisant trois personnages consacrés par le récit national. Une sortie qui a suscité un tollé et assimilée par certains à un crime de lèse-majesté. Mais il n’y a pas que les questions d’Histoire qui, épisodiquement, suscitent des polémiques, voire des divisions. Il y a aussi les questions relatives à l’identité ou encore à la religion. On a vu comment le penseur Saïd Djabelkhir a été récemment traîné devant les prétoires pour un commentaire sur la religion.

Tout se passe comme si toutes ces questions, tout comme parfois d’autres, sont frappées d’une espèce de sacralité que toute remise en cause ou critique expose son auteur à la vindicte populaire lorsque ce n’est pas à des poursuites judiciaires. S’il est universellement admis qu’elles ne se règlent pas par l’invective, ni par la stigmatisation, encore moins par l’injure, il reste que les tribunaux ne sont pas les endroits appropriés pour appréhender des questions dont la sensibilité et la complexité appellent l’éclairage de l’élite.

Ce n’est ni un sacrilège ni une offense que de questionner des sujets qui fondent le vivre-ensemble. Mieux, il est du droit de tout un chacun d’interroger l’ordre social et l’Histoire dont les polémiques qui les entourent ne trahissent, à vrai dire, que leur construction autour de mythes aujourd’hui controversés.

C’est en questionnant le passé que les Algériens peuvent mieux se connaître et s’accepter dans leurs différences, impératifs à la consolidation de la nation cimentée par la Révolution et renforcée par le Hirak. Mais encore faut-il que les libertés soient consacrées pour asseoir les termes d’un débat apaisé. Une perspective qui est l’affaire de tous même si pour le groupe dominant, la remise en cause de ce qui a été bâti dès l’indépendance charrie des bouleversements socio-politiques. D’où le bâillon, en guise de panacée. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00