Tendue déjà bien avant l’avènement de la crise sanitaire, la situation économique du pays risque de l’être davantage dans les mois à venir. Tous les voyants virent au rouge, et les experts s’accordent sur le fait que les perspectives ne sont pas rassurantes.
Même le chef de l’État avait, à maintes reprises, reconnu la difficulté de la tâche de redémarrer une machine économique plombée par deux décennies d’une gouvernance chaotique. Mais visiblement, le premier argentier du pays n’est pas de cet avis. Ses déclarations d’avant-hier donnent à voir une cécité, voire une ignorance de ce qui se passe dans le pays.
“L’inflation est maîtrisée en Algérie par rapport à ce qui se passe dans le monde. Vous n’avez qu’à voir les prix. Les prix ont été ajustés, mais pas à un niveau comme certains veulent le faire croire”, a déclaré, pince-sans-rire, le ministre des Finances. Il va même jusqu’à affirmer que “les prix sont à la portée de tous”. En exposant sa vision de questions qui intéressent directement le citoyen, le ministre donne l’impression d’être complètement coupé de la réalité.
Le plus grave est que ses propos, qui sonnent comme une sentence, interviennent à un moment où les prix de certains produits de première nécessité connaissent une flambée, alors que pour d’autres, c’est carrément la pénurie qui se profile. Et à ce titre, les chiffres sont têtus et les perspectives s’annoncent plutôt sombres.
En effet, alors que l’économie demeure arrimée aux hydrocarbures, les autres signaux sont loin d’être rassurants. Et le gouvernement n’est pas censé l’ignorer. Les réserves de changes continuent de fondre. La facture des importations demeure dangereusement élevée, malgré les mesures prises pour la réduire. La plupart des filières économiques sont toujours dépendantes des marchés extérieurs, en termes d’approvisionnement en matières premières.
À partir de là, il apparaît logique que toute fluctuation des cours du brut impacte directement les prix des produits locaux. Et à côté de tout cela, la machine économique n’arrive pas à montrer le moindre signe de redynamisation, en dépit des promesses des hautes autorités du pays de booster la diversification des sources de croissance.
Le colosse bureaucratique résiste à toutes les tentatives de réformes et maintient son emprise sur l’acte d’investir. Il va sans dire que pour faire face avec plus d’efficacité à la dégradation de la situation socioéconomique, le gouvernement est appelé à prendre toute la mesure de la complexité de la crise dont l’impact sur le quotidien des Algériens est déjà perceptible.