Éditorial

Déficit de rationalité

  • Placeholder

Akli REZOUALI Publié 19 Mai 2021 à 09:58

La rationalité économique, au sens élémentaire du concept, suppose des arbitrages priorisés pour atteindre des objectifs bien définis, en tenant compte des contraintes budgétaires et de temps qui peuvent se poser. À bien considérer l’ordonnancement de la dépense publique, tel que prévu par le projet de loi de finances rectificative pour cette année, la gestion des finances de l'État semble malheureusement très loin de cette orthodoxie. Malgré la chute durable des recettes publiques, l'absence d'alternatives immédiates pour le financement des déficits et la récession aggravée de l'économie réelle, le gouvernement maintient, en effet, un rythme de dépense très élevé, dont le pus gros profite surtout au fonctionnement courant plutôt qu’à l'investissement. 
L'État qui continue ainsi à vivre largement au-dessus de ses moyens semble miser le gros de son effort budgétaire sur des besoins à très court terme, quitte à creuser ses déficits à des niveaux insoutenables. Le prix du pétrole, on le sait désormais, ne risque pas de retrouver les niveaux d'avant le contre-choc pétrolier de 2014 qui permettaient, bon an mal an, d’approcher un certain équilibre budgétaire. La fiscalité pétrolière ne pourra plus couvrir les frénésies dépensières dictées par des besoins politiques, tandis que les recettes fiscales ordinaires restent chroniquement insuffisantes, en raison surtout des défaillances et incohérences structurelles du système national de collecte de l'impôt. 
À cet état de santé très détérioré des finances internes, s'ajoute la dégradation continue des équilibres financiers externes, avec la tendance accélérée à l'évaporation de l'épargne nationale en devise et l'effondrement qui pourrait s'ensuivre en termes de solvabilité du pays à l'extérieur et du pouvoir d'achat du dinar. Face à ce tableau de bord qui n'incite guère à l'espoir, le gouvernement ne fait pourtant montre ni d'empressement à concevoir des mesures de réformes fortes pour corriger l'orientation profondément rentière de l’économie ni de volonté claire pour amorcer la nécessaire rationalisation de l'argent public.
Si ce n'est l'annonce d'un démantèlement graduel du dispositif des subventions généralisé, prévu dès le semestre prochain. Un projet matériellement complexe à mettre en place et politiquement très périlleux à faire valoir. D'autant qu’en termes de rationalité économique, l'État ne fait lui-même guère d'efforts, pour donner au moins l’exemple, en réduisant d'abord son très coûteux train de vie. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00