Éditorial

Des chiffres à lire

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Hamid SAIDANI Publié 15 Juin 2021 à 09:54

La forte abstention enregistrée à l’occasion des élections législatives anticipées de samedi a montré, si besoin est, que le fossé qui sépare gouvernants et gouvernés n’est pas une vue de l’esprit. Certes, cela fait longtemps que la confiance ne régnait plus entre une majorité d’Algériens et ses institutions. Le règne de Bouteflika a exacerbé les tensions au sein d’une société qui regardait impuissante ses valeurs voler en éclats sous l’impulsion d’une certaine gouvernance qui a fait la part belle à la prédation et au clientélisme. Mais l’irruption de la révolution pacifique du 22 Février 2019 a bousculé l’ordre établi, permettant au peuple de se réapproprier les chemins de la lutte pour une Algérie de la justice et de la prospérité.

Deux ans durant, les citoyens, hommes, femmes et enfants, ont battu le pavé, à travers tout le pays, pour faire entendre leur voix. Dans un élan joyeux et responsable, les Algériens ont donné une leçon sous les yeux ébahis du monde. Le sursaut populaire leur a redonné confiance en leur pays et l’espoir en des lendemains meilleurs. Mais c’était compter sans les vieux réflexes d’un système dont beaucoup ont sous-estimé les capacités de résilience. Le piège s’est comme refermé sur la citoyenneté. Arrestations, condamnations, menaces et intimidations en tout genre, le sort réservé aux voix discordantes au discours officiel contraste totalement avec les promesses d’une “Algérie nouvelle” qui se veut débarrassée des anciennes pratiques. Le durcissement du discours officiel et les pressions sur les partis politiques, les activistes, les hirakistes et les militants de la société civile ont fortement contribué à alimenter la tension au sein de la société à quelques encablures du rendez-vous électoral. Qui a intérêt à envenimer davantage la situation au moment où le pays a plutôt besoin, et urgemment, de l’apaisement pour pouvoir affronter une réalité socioéconomique de plus en plus difficile ?

Il va sans dire que les résultats des législatives seront connus à un moment ou à un autre. De même que la prochaine Assemblée va entamer son travail et un nouveau gouvernement sera installé. Mais est-ce cela, en définitive, le plus important ? La crise de confiance va-t-elle se résoudre ainsi ? Les premières constatations et les chiffres de ce scrutin montrent bien que la partie n’est pas gagnée. La désaffection populaire est bien plus profonde qu’on ne le pense. Il revient à ceux qui ont la décision de bien analyser les messages qui se dégagent de ces élections afin d’assimiler les véritables revendications populaires. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00