Éditorial

Doutes

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Hamid SAIDANI Publié 02 Mars 2021 à 09:15

Près de deux années après son retrait de la course pour un cinquième mandat, sous la pression de la rue, l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika aura légué un héritage qui sera lourd à porter pour ses successeurs. Les vingt ans de règne du président déchu auront laissé les institutions particulièrement exsangues. Abdelmadjid Tebboune semble découvrir, chaque jour que Dieu fait, l’ampleur du désastre.

Il pensait peut-être bien connaître la maison, lui qui a été plusieurs fois ministre et même Premier ministre du temps de l’ancien président. Mais une fois aux commandes du pays, son discours montre que le système qu’il dit vouloir réformer ne fait preuve d’aucune volonté de se transformer. Un système livré à la prédation et au clientélisme, et voué à protéger les intérêts de castes de fonctionnaires véreux, prêts à tout pour empêcher le pays d’avancer.

Les opérateurs économiques, les politiques, les militants de la société civile, voire le commun des citoyens n’ont eu de cesse de dénoncer l’emprise du monstre bureaucratique sur les institutions. C’est que celles-ci ont fini, au fil du temps, par devenir otages d’une administration mue par une outrancière omnipotence aux soubassements bassement matériels.

Et la petite phrase lâchée par le chef de l’État, à l’occasion de la réunion du Conseil des ministres, dimanche dernier, est lourde de sens. Le Président a tout simplement ordonné la mise en place d’un mécanisme “de contrôle de la mise en œuvre sur le terrain des décisions du gouvernement dans tous les domaines en concrétisation des solutions aux préoccupations des citoyens”.

En affirmant cela, le chef de l’État suggère-t-il l’existence de résistances à sa démarche au sein même des institutions et démembrements de
l’État ? Pourquoi l’Exécutif a-t-il besoin d’un outil comme celui-là lui
permettant de vérifier si ses instructions sont suivies à la lettre ? Où peuvent se situer les blocages à l’action du gouvernement, si blocages il y a ? Qui en est responsable ? Il est vrai que plus d’une année après l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, les réformes promises tardent à voir le jour.

À sa décharge, certes, l’irruption d’une crise sanitaire dont on n’aura pas fini de recenser les conséquences. Est-ce à dire qu’il y a un lien direct entre le retard pris dans le lancement des réformes et les blocages auxquels fait allusion le chef de l’État ? Si tel est le cas, c’est qu’à un moment ou à un autre, il paraît inévitable de donner un coup de pied dans la fourmilière pour se débarrasser de l’emprise d’un système qui inhibe toute tentative de hâter le changement tant espéré par la population. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00