Il aura suffi de quelques heures de précipitations pour que la circulation automobile dans la capitale soit totalement bloquée, pendant une bonne partie de la journée d’hier. La pluie, en d’autres circonstances providentielle, puisqu’intervenant après un stress hydrique qui aura duré près de deux ans, a failli se transformer, une nouvelle fois, en malédiction. C’est qu’à la moindre averse, c’est à une sorte de mise à nu, à ciel ouvert, de la gestion des affaires publiques que nous assistons, impuissants. Pour preuve, les pluies que nous continuons à appeler de tous nos vœux finissent souvent par devenir un véritable cauchemar.
Routes et habitations inondées, glissements de terrain, effondrement de maisons de fortune, infiltrations d’eau…, tel est le lot de la majorité de nos villes à chaque épisode pluvial. Les images des inondations de Bab El-Oued sont toujours dans les esprits. Même vingt ans après. A-t-on tiré les leçons nécessaires de cette incommensurable tragédie ? A-t-on analysé et disséqué cette catastrophe pour tenter d’en comprendre les causes et, surtout, faire en sorte que ça ne se reproduise plus ? Dans la capitale, il faut se rendre à l’évidence que chaque mètre de terrain est occupé à une vitesse effrénée. Même les oueds censés constituer le cours naturel des eaux de ruissellement sont envahis par toutes sortes de constructions, sans aucun respect des normes d’urbanisation et d’occupation des sols.
Le cas de la nouvelle faculté de médecine d’Alger également est éloquent quant à cette situation périlleuse dans laquelle se trouvent certaines infrastructures publiques. Inauguré il y a seulement six ans, le bâtiment souffre déjà de la remontée des eaux et risque même, d’après le doyen de la faculté, de s’écrouler d’ici à quelques années si des travaux de confortement ne sont pas engagés. Quid des nouveaux ouvrages infrastructurels, à l’image des trémies réalisées pourtant tout récemment et qui se retrouvent impraticables, parce qu’inondées dès qu’il y a de fortes précipitations ? Et ça continuera forcément. Car à mesure que les ouvrages et les constructions ne répondant pas aux normes vieillissent, le risque de dégâts, voire de catastrophes, s’amplifie. Le ver, à l’évidence, est dans le fruit. Trop de tricheries. Trop de malversations. Trop de fraudes. Trop de magouilles. Le pillage auquel est soumis le pays depuis vingt ans n’a pas de nom. On en fait aujourd’hui les frais.