Éditorial

Fatalisme économique

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Akli REZOUALI Publié 27 Avril 2021 à 09:36

La notion de fatalisme est souvent représentée dans la littérature économique sous l’angle des rapports entre le capital, d’une part, et l’accès au travail et au bien-être social, d’autre part. Projetés sur l’économie algérienne, ces paradigmes propres aux sociétés développées prennent un tout autre sens, dans la mesure où socialement, économiquement et institutionnellement, le gap de développement et de progrès entre les deux est on ne peut plus évident. 

Nonobstant ce décalage, le fatalisme économique caractérise de fait l’économie algérienne eu égard à sa dépendance, encore plus “ombilicale” qu’on peut le croire, à la rente pétrolière ; sa répartition et sa gestion politique comme élément central de gouvernance. Plus d’un demi-siècle après l’indépendance et malgré deux décennies de forte “accumulation” rentière, l’Algérie continue à scruter invariablement la conjoncture pétrolière mondiale pour espérer y voir de quoi pourrait être fait son lendemain. 

Précarité et malaise social menaçants, chômage de plus en plus élevé en particulier chez les jeunes, raréfaction des ressources financières, défiance exacerbée à l’égard du pouvoir politique et de l’action de l’État sont autant d’éléments de conjoncture, présents aujourd’hui, mais dont le caractère chronique et structurel est autrement plus inquiétant.

Comme par le passé, les épisodes de crises politique et sociale ne sont jamais étrangers aux évolutions conjoncturelles de la rente pétrolière, elle-même tributaire de contextes économiques et géopolitiques sur lesquels un pays comme l’Algérie n’a nulle emprise.

Sans rente suffisante, ni idée cohérente de croissance diversifiée et auto-entretenue, le devenir de l’économie nationale et la cohésion sociale et politique qu’il sous-tend est aujourd’hui fatidiquement lié aux seuls aléas du marché pétrolier et à la fourchette sur laquelle finira par se poser le curseur fébrile des prix mondiaux du pétrole. 

À moins de 100 dollars le baril, ce qui est une perspective très peu réaliste, l’Algérie semble condamnée à revivre à court terme de nouveaux épisodes de crises d’endettement et d’ajustements structurels forcés. Un fatalisme économique peu aisé à contrecarrer dans le contexte présent, au vu surtout de l’absence d’une gouvernance rationnelle, porteuse d’alternatives réalistes à la rente du pétrole et du gaz.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00