Éditorial

Hirak béni, Hirak honni

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Hamid SAIDANI Publié 14 Février 2021 à 00:32

L’insurrection citoyenne pacifique du 19 Février 2019, œuvre salutaire d’un peuple brimé par un système qui tend à tout sauf à la construction d’un État juste et fort, demeurera et pour longtemps un marqueur de lutte pour la liberté et les droits. Elle est venue briser les chaînes qui ont, des années durant, relégué les Algériens au rang de population de seconde zone dont les droits les plus élémentaires étaient bafoués.

Puis vint ce que fut la énième provocation d’un système aux abois et qui cherchait à se maintenir coûte que coûte. C’était compter sans le volcan populaire qui sommeillait et qui n’attendait que le moment voulu pour exploser. Sans sombrer dans la violence et l’affrontement qui marquent habituellement les mouvements insurrectionnels, le Hirak algérien a réussi à devenir un modèle de l’action revendicatrice citoyenne.

Son pacifisme à toute épreuve, la discipline qui l’a caractérisé, son unité, sa tolérance, ses multiples expressions artistiques… ont fait de lui un événement unique en son genre. Sur le plan interne, le mouvement a réussi à imposer un rapport de force qui lui est favorable dans son face-à-face tendu avec les tenants du système. L’irruption de la pandémie de coronavirus a, finalement, contraint le Hirak à mettre en veilleuse son action de protestation.

Le pouvoir, qui ne pouvait espérer meilleure contingence, s’est rapidement mis dans la posture de celui qui se débarrassera définitivement d’un mouvement qui l’agace au plus haut point. Les jeunes sont partout pourchassés. Les arrestations se multiplient et les condamnations pleuvent. Souvent pour des motifs plus que légers, pour ne pas dire carrément fallacieux. Mais en définitive et malgré la campagne de répression, les responsables de l’État savent pertinemment que si les grandioses marches se sont arrêtées, l’esprit du Hirak reste bien présent dans l’esprit de chaque Algérien. C’est pour cela que les autorités manient aussi bien le bâton que la carotte. Avec plutôt une propension pour cette dernière.

En constitutionnalisant le mouvement populaire, elles pensaient peut-être convaincre de leurs bonnes intentions. Les discours officiels pullulent de “Hirak béni”, mais dans la réalité, la chape de plomb pèse toujours sur les militants et activistes. Certaines voix officielles envisagent même la célébration du 2e anniversaire de la révolution citoyenne. Ce n’est évidemment pas en accaparant un événement d’une aussi grande importance pour le peuple, que la marche pour la liberté et les droits s’arrêtera.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00