Éditorial

L’exemple tunisien

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Karim KEBIR Publié 30 Septembre 2021 à 00:40

Le geste est sans doute de portée historique : en confiant la direction du gouvernement à une femme, une première dans le monde arabo-musulman, la Tunisie vient, à nouveau, de se distinguer dans un espace pris en tenailles entre un conservatisme sclérosant et un islamisme rétrograde où les forces progressistes peinent à s’imposer. Un des rares pays à avoir plus ou moins réussi sa transition, après ce qui est appelé le “printemps arabe”, la Tunisie, également pionnière dans le monde arabe quant aux droits de la femme, confirme ainsi son attachement à l’héritage légué par Bourguiba, mais aussi au choix de la modernité. Qu’importe si le nouveau président, Kaïs Saïed, confronté à des contestations internes après ses récentes décisions controversées dont le gel du Parlement et l’accaparement de larges leviers de décision, cherche à s’attirer des appuis et des soutiens, particulièrement de la classe moderniste de la société et de l’Occident, il reste que cette nomination est de grande valeur symbolique en ce qu’elle aura comme impact dans des sociétés encore réfractaires à confier le destin d’un pays à une femme. 
Même si la mission s’annonce laborieuse pour Najla Bouden, visiblement néophyte en politique, dans un contexte de crise politique et de marasme économique dans un pays aux faibles ressources et éprouvé par la pandémie, son arrivée aux affaires est déjà une reconnaissance pour le rôle des femmes et leur capacité à réussir. C’est aussi un pied de nez aux islamistes dont la présence des femmes n’est tolérée que dans certaines sphères où elles font office de simples faire-valoir. Ou chargées uniquement pour combattre toute idée de promotion des droits des femmes. 
Pourtant le constat est universellement admis et récemment prouvé lors de la gestion de la pandémie : tous les pays dirigés par des femmes ont admirablement réussi à endiguer la maladie sans grands dégâts, comme la Nouvelle-Zélande. Dans un contexte de reflux de l’islamisme politique, autant pour des facteurs exogènes qu’endogènes, l’émancipation pleine et entière de la femme et la promotion de ses droits demeure le meilleur garant pour l’épanouissement de nos sociétés. Une société qui n’émancipe pas sa femme n’a aucun avenir, disait, à une autre époque, un artiste bien de chez nous. L’Algérie qui disposait d’un potentiel de modernité au lendemain de l’indépendance avant de sombrer dans une régression, produit d’une école livrée à des forces obscurantistes, gagnerait plus que jamais à accorder à la femme toute la place qui lui sied. Certes, des progrès ont été réalisés. Mais beaucoup reste à faire. Et à ce titre, l’exemple tunisien peut être une source d’inspiration. ■

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00