Ce n’est un secret pour personne que la situation économique du pays est plus que vulnérable, aggravée par l’inédite crise sanitaire qui marquera pour longtemps de son empreinte la vie nationale. Depuis plusieurs années déjà, les experts n’ont eu de cesse de mettre en garde contre l’absence d’une véritable politique économique et de réformes pouvant permettre une véritable relance de la machine. Et ce ne sont évidemment pas les discours pompeux des gouvernants, durant toute cette période, qui auraient pu changer la donne.
Il n’y a qu’à écouter les interventions des ministres de l’actuel gouvernement pour se rendre compte que c’est le même constat qui est dressé de la situation. Une sorte de copier-coller d’un verbiage affligeant qui atteste, en réalité, de l’absence totale d’une vision pragmatique de sortie de crise. Il est vrai qu’en termes d’actes pouvant révolutionner notre façon de concevoir le fonctionnement de l’économie, il faut se rendre à l’évidence que, pour le moment, ceux habilités à décider ne sont pas encore à la hauteur des défis qui attendent le pays.
Et c’est sans aucun doute les atermoiements qui caractérisent actuellement la décision économique qu’un ministre en poste, celui chargé de la Prospective en l’occurrence, a été comme contraint de pousser ce qui s’apparente à un coup de gueule. Rare de la part d’un membre du gouvernement. Servie dans un langage cru et direct, son intervention tend, selon toute vraisemblance, à réveiller les consciences de nos décideurs, avant que ce ne soit trop tard. Car quoi que l’on pense, la crise, la véritable crise, n’est pas encore là.
Le pire est clairement devant nous et la pandémie n’a pas encore révélé tous ses contrecoups ravageurs sur le tissu économique, mais aussi plus globalement sur la société. Le ministre en question va jusqu’à remettre en cause les statistiques officielles et affirmer que nous n’avons carrément pas de tableau de bord. C’est dire qu’en haut lieu, ça continue de naviguer à vue.
Mais le ministre en question, un économiste de formation qui plus est, tend surtout à afficher son refus de cautionner une politique qui participe à cacher le soleil avec un tamis, pour reprendre la formule populaire bien de chez nous. “Si les réformes ne sont pas menées cette année, la crise risque de s’aggraver”, avertit-il, comme pour souligner l’extrême urgence d’un sursaut pour éviter au pays d’aller droit dans le mur.