Épouvantable, effroyable, abominable, lâche… tous les mots ne sont pas assez forts pour décrire le supplice subi par un groupe d’enseignantes dans la nuit de lundi à mardi à Bordj Badji Mokhtar.
C’est dans cette contrée perdue dans le grand désert du Tanezrouft, à la lisière du territoire malien, que ces institutrices ont choisi de s’installer pour exercer leur noble métier, à mille lieues des grandes agglomérations et du confort qu’elles procurent. N’est-ce pas là une double peine pour des citoyennes qui ont accepté les dures conditions de travail dans cette lointaine région où tout manque et en logeant dans une habitation collective loin de leurs familles respectives. Un tel sacrifice devrait appeler respect et considération, voire décoration. Mais non.
Ces dames et demoiselles, dont le sacerdoce est d’enseigner à nos enfants les bases qui leur permettraient d’affronter les vicissitudes de la vie, ont eu droit à un traitement des plus odieux. Pas seulement de la part de leurs agresseurs qui ont certainement dû s’assurer que les conditions pour mener à bien leur forfait étaient bien réunies. Mais surtout de la part des responsables au niveau local qui n’ont guère daigné bouger le petit doigt pour protéger les victimes qui se sont déjà plaintes de plusieurs tentatives d’agression du même type.
Les enseignants sont même allés jusqu’à mener des manifestations de rue pour se faire entendre. Mais en vain. Autant dire que ces autorités doivent s’expliquer, et le plus rapidement possible serait le mieux, sur cette inconcevable attitude qui s’apparente à une non-assistance à personne en danger. Mais comment a-t-on pu laisser ainsi la situation pourrir jusqu’à ce que l’irréparable se produise ? Et comme pour ne pas arranger les choses, les autorités au niveau gouvernemental ne semblent pas avoir pris la mesure de la gravité de ce qui s’est passé à Bordj Badji Mokhtar.
Aucun responsable n’a, en effet, daigné se déplacer dans la région pour s’enquérir de l’état physique et psychologique des victimes de l’inqualifiable agression qui s’est déroulée à l’intérieur même d’un établissement scolaire. On n’a même pas eu droit à une prise de parole pour rassurer les centaines d’enseignants travaillant dans le Sud dans des conditions désastreuses. Dans un pays où l’instruction tend à devenir quasiment une tare, l’ingratitude finit par s’imposer comme la rançon du sacrifice.