S’il fallait chercher une preuve à l’échec retentissant du système de gouvernance du pays depuis l’indépendance, il suffit de s’attarder sur le phénomène de la harga qui donne à voir un désastre à ciel ouvert. Tous les jours que Dieu fait, l’actualité nous assaille d’histoires les unes plus dramatiques que les autres.
Des histoires de jeunes, de femmes, d’enfants et, parfois même, de familles entières qui tentent la traversée de la Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure, qu’ils finissent souvent par payer de leur… vie. Depuis de longues années, la seule période durant laquelle le phénomène de la migration clandestine a marqué une pause reste celle coïncidant avec l’irruption du mouvement populaire du 19 Février 2019.
Le Hirak a fait souffler sur le pays un vent de liberté et d’espoir en des lendemains meilleurs. Fabuleuse, la jeunesse s’est, pacifiquement, réapproprié les espaces d’expression pour donner naissance à un foisonnement d’œuvres artistiques qui sont autant de quêtes pour un affranchissement des démons de la gérontocratie qui ligotent le pays. Qui l’empêchent de se réformer. De progresser. De se moderniser. D’avancer. Le système, certes affaibli, n’a pas rendu les armes.
Malgré son incompétence avérée, ses politiques de développement inefficientes, son incapacité à arrimer le pays au train du progrès, il arrive encore à tenir en place. Il essaye de muer, de muter, de changer, pas pour être au diapason des nouveaux défis qui s’invitent, mais plutôt pour tenter de se pérenniser, quitte à mener la Nation droit dans le mur.
Et c’est précisément cette posture des tenants du pouvoir qui ne veulent rien céder à la société, ni en droit ni en libertés, qui pousse à la résignation. Voyant les horizons, de nouveau, se boucher, la jeunesse n’a, ainsi, d’autre choix que d’envisager le pire pour se sortir du marasme dans lequel on l’a entraînée.
Enfin, pour les plus téméraires. Car pour les autres, c’est une mort lente qui les attend, à l’ombre d’une incommensurable oisiveté, dans un pays qui n’offre, en fin de compte, ni débouchés professionnels ni épanouissement culturel. Le mouvement populaire a ravivé chez une majorité d’Algériens l’ardent désir de vivre et de se construire dans leur pays. Pas ailleurs. Ce n’était finalement qu’un intermède. Une porte qui s’est vite refermée. Mais qui sait…