Éditorial

La quadrature du cercle

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Karim KEBIR Publié 10 Mars 2021 à 23:04

En mettant en garde le pouvoir contre toute tentation de “créer un nouveau paysage politique”, d’exploiter politiquement certaines organisations de la société civile, dans une franche allusion au dernier-né, le conglomérat d’associations hétéroclites regroupées sous le nom de “Nida El-Watan”, le mouvement de la société pour la paix (MSP) joint, malgré lui, sa voix à ceux qui voient dans ce regroupement d’associations, sous le parrainage d’un conseiller de la Présidence, une volonté du chef de l’État de se créer une base politique et sociale. Handicapé par un déficit de légitimité dès son élection, privé du soutien des partis traditionnels, béquilles du pouvoir en l’occurrence, le RND et le FLN, en lambeaux et trop encombrants, Abdelmadjid Tebboune est en passe de reproduire une vieille recette du régime, mais qui risque de s’avérer inopérante et infructueuse dans le contexte actuel. 

Car, non seulement le conglomérat apparaît comme un réceptacle d’associations maison et de lieu de recyclage pour des militants déçus du FLN et du RND, mais encore il se décline comme une tentative de monopolisation de la vie politique nationale et de caporalisation absolue du pouvoir sur la “société civile”, pour reprendre Louisa Hanoune. Et si le RND a pu constituer, grâce à l’appui de l’administration, dans un contexte de guerre civile, une planche de salut pour le pouvoir à la fin des années 90 avant que Bouteflika, grâce à une habilité politique dont il avait le secret et grâce à une manne financière providentielle, ne fasse du FLN sa base de pouvoir, “Nida El-Watan” naît dans un contexte de crise de confiance absolue du peuple vis-à-vis de toute initiative du pouvoir doublée d’une crise politico-économique. 

Face à un Hirak vigoureux et en perspective des prochaines législatives, s’appuyer, pour le pouvoir, sur cet Opni (Objet politique non identifié) risque de se révéler hasardeux et aura immanquablement de graves conséquences sur la crédibilité et l’autorité de l’État, voire sur l’unité du pays, sachant qu’une région entière, politiquement bien structurée, n’est pas acquise à cette démarche. Mais on voit mal ce même pouvoir, hostile à toute idée d’organisation du Hirak et ne pouvant s’appuyer sur des entités politiques atomisées, renoncer pour l’heure à son objectif stratégique : sauver le système. Ce qui explique d’une certaine façon les critiques acerbes du MSP contre le conglomérat, manière peut-être de surenchérir et de négocier une hypothétique caution. Mais serait-ce suffisant pour transcender la grave crise de confiance et ramener à la maison un Hirak décidé à ne pas changer d’attelage au milieu du gué ? Autant dire la quadrature du cercle pour le pouvoir. À moins d’un compromis historique. 

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00