Éditorial

La roue tourne

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Hamid SAIDANI Publié 11 Octobre 2021 à 23:54

Les  accusations   portées  contre  l’ex-ministre  de  la  Justice  Belkacem Zeghmati par deux anciens responsables de l’État, à savoir Saïd Bouteflika et Tayeb Louh, reposent de nouveau la lancinante question de l’indépendance de la justice. Lors du procès qui s’est déroulé au tribunal de Dar El-Beïda, le frère et conseiller du président déchu et le puissant garde des Sceaux sous le règne de ce dernier ont clairement remis en cause la façon avec laquelle ce secteur névralgique fonctionne. Les deux figures du système Bouteflika adressent, à l’unisson, leur accusation à l’encontre de l’actuel ambassadeur d’Algérie en Tchéquie, qui était, au début de leurs ennuis judiciaires, ministre de la Justice. 

En pointant une cabale politique fomentée contre eux, ils permettent, peut-être sans le vouloir, de lever un pan du voile de ce qu’est la justice dans notre pays. Beaucoup d’anciens responsables de l’État, tombés en disgrâce, n’ont pas hésité, une fois devant le juge, à évoquer une instrumentalisation de la justice pour expliquer les poursuites engagées contre eux. C’est dire que ce n’est que lorsqu’ils sont de l’autre côté de la barrière qu’ils se rendent compte qu’il n’y a qu’une justice indépendante qui puisse garantir un procès équitable pour eux et pour tous les justiciables.

Tous ces responsables avaient toute latitude pour libérer la justice des interférences politiques et bâtir un système qui permette une protection des magistrats de toute pression d’où qu’elle vienne. Ils avaient l’occasion, sinon la chance, de tenter de contribuer à consacrer, dans les faits, un principe constitutionnellement énoncé. Mais ils refusaient de renverser un ordre établi et se complaisaient dans la posture de celui qui pense qu’il est éternel. Sauf qu’à la fin, la roue tourne. Et elle tourne souvent au désavantage de ceux qui se croyaient intouchables. Car il est complètement faux d’appréhender la problématique du fonctionnement de la justice sous le prisme d’une gestion aléatoire de tel ou tel responsable.

Le mal est structurel. Profondément structurel. Il est lié au mode de gouvernance que les Algériens ne cessent de dénoncer. Dans le subconscient de nos dirigeants, la justice est aux ordres. Elle est avant tout conçue comme un instrument de pouvoir dont on use et abuse, souvent en foulant aux pieds les lois elles-mêmes. La mise en place d’un système politique transparent et d’une justice réellement indépendante ont été les revendications phare du mouvement populaire du 22 Février 2019. Les Algériens savent pertinemment que l’on ne peut construire une véritable démocratie sans un pouvoir judiciaire complètement libéré de l’emprise du pouvoir exécutif. La complainte sera-t-elle entendue un jour ? 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00