Éditorial

La seconde mort de Bouteflika

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Abrous OUTOUDERT Publié 20 Septembre 2021 à 01:08

Bouteflika disait à ses proches que son vœu le plus cher serait de mourir sur un fauteuil présidentiel, mais le destin en a décidé autrement. Une descente aux enfers qui a duré plus de deux ans : il a fini dans une solitude totale, loin des feux de la rampe, sur une chaise roulante. Triste fin de parcours pour cet homme politique reconverti en autocrate. Il souhaitait avoir des funérailles nationales comme celles de son mentor, Boumediene. À la mort de celui-ci, il pensait lui succéder logiquement après avoir eu l’honneur de faire l’oraison funèbre. Il n’a eu ni l’une ni l’autre, mais la Cour des comptes à ses trousses. Humilié, il s’exile pour être ensuite rappelé par l’institution militaire en 1999 avec un esprit revanchard et beaucoup de comptes à solder. Il fait rapidement le vide autour de lui, s’entoure de ses proches avant de procéder à un grand chamboulement aussi bien au niveau des institutions sensibles et de la société civile qu’il a laminées en les parasitant ou en leur créant des clones. Sitôt installé, le personnage s’est révélé être un grand stratège avec la ruse comme mode opératoire. Fin orateur, mais grand bluffeur, il se tailla une Constitution sur mesure pour ne plus être un “trois quarts de président”.

Durant son règne, il y a eu deux phases. La première qui couvre les deux premiers mandats a été marquée par le lancement de grands chantiers jamais entamés. La réforme de l’école avec à la tête de la commission le professeur Benzaghou et Khalida Messaoudi, celle de la justice dont la commission fut présidée par le défunt éminent juriste Mohamed Issad et la derniere sur les structures de l’état confiée à Missoum Sbih. Les rapports élaborées ont été gardés sous le coude et n’ont jamais été mis en œuvre. Il y eut aussi ce projet chimérique qui se déclinait sous ce slogan : réalisation de 1 000 000 de logements. Cette promesse d’un logement pour tous a fait grimper le baromètre de popularité de Bouteflika. Il a été encensé par le peuple qui remplissait les urnes à chaque fois qu’il a été sollicité. Le prix du baril de pétrole à plus de 100 dollars est plus que suffisant pour acheter la paix sociale et réaliser la concorde civile, tout comme attirer la caste qui s’enrichit d’une façon éhontée et sans retenue. La seconde phase, c’est son règne sans partage  qui commence à montrer des signes de fatigue, prélude à sa maladie en 2013, qui précipitera sa chute après avoir lâché du lest et délègué la gestion des richesses du pays à des prédateurs sans foi ni loi, persuadés d’être intouchables. De nos jours, l’ivresse du pouvoir n’est plus un nectar des rois autoritaires, mais une simple illusion de régner quand les mites ont déjà pris possession des lieux et des apparats de la République.

La dernière scène de la pièce de ce roi sans couronne a été celle du cinquième mandat qui s’est jouée sans lui, à la coupole Mohamed-Boudiaf. Ce fut la décision la plus clownesque, mais aussi la plus pitoyable. Celle qui a poussé à la révolte du peuple, réveillé les consciences et qui a eu le dernier mot. Elle a mis l’homme malade en confinement total, jusqu’à l’annonce de sa mort. Paix à son âme.

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00