Éditorial

Les limites d’une démarche

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Karim KEBIR Publié 06 Mars 2021 à 22:25

L’injonction semble avoir fait l’effet d’une douche froide : au lendemain des préoccupations exprimées par le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies sur la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Algérie, le gouvernement demeure mutique. Si prompt d’ordinaire à réagir à la moindre remarque venant de l’extérieur sur la situation interne, le gouvernement n’a pas pour l’heure répondu à l’instance onusienne qui, pourtant, n’a pas hésité à rappeler Alger à ses “obligations” vis-à-vis des conventions qu’elle a ratifiées et à lui réclamer de mettre “immédiatement” fin aux violences contre des manifestants pacifiques et d'arrêter les détentions “arbitraires”. L’ONU réclame aussi la libération “immédiate et sans condition” de toutes les personnes arrêtées ou détenues arbitrairement pour leur soutien présumé au Hirak, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles, tout comme elle demande aussi des enquêtes “rapides, impartiales et rigoureuses” sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention. Pour des remarques similaires portant essentiellement sur les détentions, les poursuites et la torture, Alger n’avait pas fait dans la dentelle pour démentir une résolution d’urgence du Parlement européen en novembre dernier, la seconde en une année. 

Alger avait parlé d’allégations et d’accusations “gravissimes et malveillantes” en déplorant la tonalité foncièrement “haineuse et teintée de paternalisme” de certains milieux européens. Connue pour marcher sur des œufs lorsqu’il s’agit d’Alger, un partenaire stratégique et économique, l’UE, dont la position est influencée par Paris, n’avait pas bronché depuis, espérant et tablant peut-être sur une évolution sans encombre de la situation. Mais l’intrusion de l’ONU, dont l’Algérie est membre, a dû certainement incommoder les autorités, en ce sens qu’elle conforte par certains aspects les accusations européennes. 

Et en relevant que les procédures opposées aux hirakistes en 2021 sont similaires à celles de 2019 et de 2020, l’ONU suggère que l’approche sécuritaire demeure en vigueur, ce qui contredit les affirmations officielles et les cris d’orfraie sur les ingérences. Dès lors, la question est de savoir quelle sera l’attitude d’Alger ? Sera-t-elle amenée à changer les paradigmes dans son approche du traitement de la crise ? En d’autres termes : se résoudra-t-elle à lever toutes les entraves, libérer les champs politique et médiatique, et engager un dialogue, devenu impérieux, ou persistera-t-elle dans sa démarche de plus en plus aléatoire au regard de la vigueur affichée par le Hirak, mais aussi des risques d’aggravation de la crise ? Si la crise sanitaire a, durant une année, éloigné les regards du monde sur ce qui se passe chez nous, l’intrusion de l’ONU laisse à penser que désormais, rien ne sera comme avant. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00