Éditorial

Les tartuffes de la République

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Arab CHIH Publié 13 Février 2021 à 01:11

Dire une chose et faire exactement son contraire est loin d’être un exercice de contorsionniste pour certains de nos hauts responsables ni ne les répugne. “Preux chevalier” de la lutte anti-corruption, l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, aujourd’hui incarcéré à la prison d’El-Harrach pour son implication présumée dans des affaires de corruption, vient encore d’être rattrapé par son passé et risque d’être éclaboussé par une autre prévarication : l’opération du bracelet électronique lancée en grande pompe début 2017 pour désengorger les prisons saturées et qui aurait coûté au Trésor public la rondelette somme de 20 milliards de dinars.

Mais comment un responsable politique, qui plus est ministre de la Justice, et qui, des années durant, a servi aux Algériens des kilomètres de discours sur la nécessité de combattre le chancre de la corruption, peut-il prêcher le respect strict de la loi et, toute honte bue, s’inscrire en faux avec cette même loi qu’il est censé appliquer ? Impensable. Ahurissant.

C’est que dans cette affaire, la justice algérienne a pris un sale coup. Amochée, même. Sauf que Tayeb Louh n’est pas le seul à se permettre un tel parjure. Même l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a eu lui aussi à gérer le ministère de la Justice et qui voulait passer pour le champion de la rectitude et de la probité, s’est, au final, révélé un homme dont le geste ne suit pas toujours la bonne parole prêchée.

Lui qui a voulu imposer aux chefs d’entreprise le chèque dans les transactions commerciales, pour soi-disant assécher le marché parallèle, a, de son propre aveu, recouru à ce même marché parallèle pour vendre des lingots d’or que lui ont offerts des émirs du Golfe. Et les exemples de hauts responsables faisant peu cas de la loi ou pris en défaut de déloyauté ne se limitent malheureusement pas à ces deux ex-membres du gouvernement.

Le problème est que ce genre de tartufferie ne discrédite pas seulement ceux qui s’en sont rendus coupables, mais ternit aussi et gravement l’image de la justice, voire de l’État dans sa globalité. Et cette entreprise de dilapidation des deniers publics, une razzia même, à laquelle se sont adonnés des années durant Premiers ministres, ministres, hauts fonctionnaires, etc., et révélée au grand jour par les multiples affaires de corruption ouvertes par la justice au lendemain du 22 février 2019, n’a fait qu’aggraver la crise de confiance entre les Algériens et leur État. Bien sûr, tous les ministres et hauts cadres de l’État n’ont pas les mains sales, ne sont pas tous des tartuffes de la République et savent conjuguer responsabilité et morale. Fort heureusement, d’ailleurs.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00