Éditorial

Migrations inquiétantes

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Abrous OUTOUDERT Publié 28 Août 2021 à 10:45

Ce n’est pas l’appel de la mer Méditerranée qui attire les jeunes, toutes catégories confondues, mais ce sont les rivages de l’autre côté. Le point de chute principal demeure l’Espagne avec Almeria, Lucie que l’on peut atteindre en cinq heures en bateau pour encore partir vers d’autres ports d’ancrage. Si le prix du passage revient à près de 3 000 euros, ce n’est pas pour autant que l’aventure décourage ces dizaines de jeunes en mal de vivre chez eux. 

Ce nouveau marché juteux est tombé entre les mains d’une mafia implacable, n’hésitant pas à abandonner ses victimes, en pleine mer, au moindre accroc. En moins d’une année (entre janvier 2020 et juin 2021), les gardes-côtes algériens ont réussi à démanteler 190 réseaux et à faire avorter 13 000 tentatives de migration clandestine, et d’intercepter ainsi plus de 8 000 harraga. Alors que l’on croyait que ces traversées n’intéressaient que les jeunes oisifs, sans travail, curieux de voir ce qu’il se passe ailleurs en dehors des images de la télévision, la réalité est tout autre. On compte parmi les candidats au départ aussi bien des familles avec femmes et enfants, et aussi des personnes d’un certain âge. 

Un autre phénomène qui prend de l’ampleur et qui coûte cher au pays est le nombre d’étudiants qui partent à l’étranger pour poursuivre leurs études. Le pourcentage de ceux qui ont l’idée, ancrée en tête, de ne pas revenir est de 78%, alors que c’est l’état qui leur a permis, à titre gracieux, d’atteindre le premier cycle universitaire, au minimum. Et le nombre d’étudiants, selon les chiffres officiels, ne cesse d’augmenter d’année en année. Ces statistiques ne tiennent pas compte de ceux qui partent par leurs propres moyens. Et ils sont nombreux. Il est regrettable que l’on n’ait pas su retenir ces compétences dont certaines ont admirablement réussi et travaillent dans des grands laboratoires et autres multinationales, et font la fierté de leur pays qu’ils ont au cœur.

Le Cread, en demandant ce travail à un spécialiste en la matière, permettra, sans nul doute, aux responsables concernés de se pencher sérieusement sur ce problème de migration récurent, mais jamais pris en charge, avec courage et volonté politique. Sinon, à moyen terme, c’est l’Algérie qui se retrouvera orpheline de ses enfants qu’elle a pourtant élevés.

 


O. A.

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  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00