Pour une surprise, c’en est sans doute une : le Front des forces socialistes (FFS), d’ordinaire réfractaire à toute initiative émanant du “pouvoir” lorsque celle-ci n’obéit pas à la “transparence et à l’éthique politique”, a concédé à rencontrer, à sa demande, comme le précise le communiqué du parti, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune.
Au terme de cette rencontre, qui n’a pas manqué, sitôt divulguée, de provoquer un torrent de commentaires sur les réseaux sociaux, le FFS a indiqué avoir appelé le Président à prendre des mesures “politiques fortes”, dont la libération des détenus politiques et la levée d’entraves à l’exercice politique et médiatique, qui rétabliront la confiance des Algériennes et des Algériens et apporteront une réelle volonté politique pour établir le “changement souhaité”.
Aussi, met-il en exergue la nécessité d’un “dialogue politique” et met en garde contre une nouvelle désaffection populaire en l’absence de “réponse aux revendications populaires” et en cas de tenue de nouvelles élections dans un climat de tension et de violation des libertés politiques et s’il n’y a pas l’entame d’un processus politique et un dialogue global avec des mesures d’apaisement concrètes.
À quelques jours de l’anniversaire du Hirak, dont les autorités semblent encore redouter la réédition, cette initiative peut se décliner, a priori, comme l’inauguration d’une nouvelle ère et une tentative de révision d’une “feuille de route”, maintenant qu’il est établi que le verrouillage politique et le tout sécuritaire n’ont pas atteint l’effet escompté : rétablir un peu de confiance et une crédibilité aux institutions, nécessaires au redressement du pays. Signe de défiance : la désaffection populaire lors du référendum sur la Constitution.
Aussi l’impasse intégrale dans laquelle se retrouve le pays, confronté plus que jamais à de multiples défis et en proie à une grave crise de confiance et politique, impose inévitablement l’ouverture d’un dialogue responsable avec tous les acteurs politiques et de la société civile. Elle appelle également à des mesures politiques audacieuses et à des révisions déchirantes qui tranchent avec le paternalisme, le populisme, la manipulation et la diabolisation de l’opposition dont a usé et abusé le pouvoir jusque-là avec les conséquences que l’on sait.
Mais reste la question fondamentale dont dépend la suite : existe-t-il une réelle volonté politique chez le pouvoir pour aller, enfin , à un véritable changement ? Trop tôt pour le dire. Car des consultations similaires ont été éprouvées par le passé avec des résultats désastreux, connus de tous. Si la démarche ne s’inscrit donc pas dans une perspective de rupture, ni le pouvoir ni le FFS — qui mise ici sans aucun doute sa crédibilité — ne sortiront indemnes car le Hirak est toujours en attente de solutions à la mesure de son ampleur : le changement de système.