La décision fut sans doute difficile à se dessiner. Mais le FFS, le plus vieux parti d’opposition, a finalement décidé de ne pas prendre part aux prochaines élections législatives prévues en juin prochain. L’argument est imparable : les conditions de la tenue du prochain scrutin ne sont pas réunies et les élections ne “constituent pas la solution à la crise multidimensionnelle” que vit le pays, selon la résolution du parti.
Persistance du verrouillage politique et médiatique, harcèlement des activistes, maintien de nombreux détenus d’opinion en prison, diabolisation de l’opposition, instrumentalisation de la justice, atteintes aux droits de l’Homme et difficultés économiques sont, en effet, autant de marqueurs d’une conjoncture politique, loin de favoriser une réelle compétition politique et encore moins de constituer des signes d’une véritable démarche d’ouverture démocratique comme le réclame le mouvement populaire depuis deux ans.
Écartelé entre le souci de ne pas s’aliéner le mouvement populaire et sa base militante, hostile à la “feuille de route” élaborée unilatéralement par le pouvoir, et son souci d’explorer toute opportunité susceptible éventuellement d’enclencher une dynamique politique de sortie de crise, le FFS a opté pour ce qui semble être conforme aux principes et aux idéaux que le défunt Hocine Aït Ahmed a imprimés au parti : une décision qui respecte le choix souverain des militants et qui ne s’inscrit pas en porte-à-faux avec les aspirations de larges pans de la société.
En refusant de participer au prochain scrutin, conséquemment au choix de la base, le FFS vient, sans doute, non seulement de réhabiliter la morale dans l’action politique sur une scène carnavalesque, mais encore d’ôter une carte susceptible de constituer un alibi démocratique au pouvoir. Au-delà de renforcer le camp de ceux qui ont choisi de ne pas cautionner une démarche à laquelle ils n’ont pas été associés, la décision du FFS témoigne de l’influence du mouvement populaire sur les partis en les aidant à s’émanciper des manipulations.
Ce qui est de bon augure pour la restructuration de la vie politique. Aussi, elle contraindra assurément le pouvoir à revoir sa copie et à reconsidérer sa vision sur les partis, instruments d’intermédiation, ainsi qu’à ouvrir un véritable dialogue avec toutes les composantes de la société. Des donnes dont il est appelé à prendre compte pour envisager une sortie de crise consensuelle. Il y va de l’avenir du pays.