Éditorial

Perversion

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Karim KEBIR Publié 24 Février 2021 à 00:44

Entre le régime et le mouvement  populaire  dont on  a  décrété trop tôt et trop vite la mort après la  pandémie  et  la stratégie de musellement par le  pouvoir, ce n’est plus une histoire de malentendu, ni de différence dans le diagnostic de la crise et encore moins d’une perception, d’une approche et d’une vision différentes  de  la  “nouvelle Algérie”, mais une divergence de culture. Faute d’une  réponse  politique  appropriée aux  revendications  exprimées  par les Algériens — du moins une large partie — depuis février 2019, le pouvoir n’a pas encore fini d’éprouver des recettes aux résultats souvent désastreux.

Après  avoir  sacrifié  certaines  figures  de  sa  cour  dans  l’espoir  de  neutraliser le mouvement,  puis  le  recours  à  la  manière  musclée  en  procédant  aux arrestations  de  certains  activistes,  avant  d’imposer  un  agenda  électoral parallèlement à une vaine campagne de diabolisation et de dénigrement, voilà qu’il s’emploie désormais à user de  tous  les  artifices pour  se  réclamer du… Hirak.

Comme pour le “Printemps berbère” ou plus récemment encore la célébration de la fête de Yennayer, le pouvoir, à travers notamment ses relais médiatiques et politiques, a tenu à célébrer  la  journée  du  22  Février présentée, comme l’avait  décrété  Abdelmadjid  Tebboune,  comme  Journée   nationale  de  la “fraternité  et  de  la  cohésion  peuple-armée”.  On  apprendra  ainsi  que  de nombreuses  “ marches  populaires  et  pacifiques ”,  la  mise  sur  pied, sur l'ensemble du territoire national, de  nombreuses  activités  socioculturelles et sportives initiées par les autorités locales ont marqué cette journée.

 Il  y  a  eu  aussi  des  campagnes  de  reboisement,  des  distributions  de logements, des conférences et même des baptêmes, comme au bon vieux temps de certaines célébrations et du parti…unique. Mais à l’adresse de ceux qui ont investi la rue pour réclamer un changement radical et qui ont répété que “nous ne sommes pas venus pour la fête, mais pour que vous dégagiez”, on n’a pas omis de  les  accuser  de  scander des slogans “hostiles à la voix nationaliste”, de “haineux”  et  de  “fauteurs  de  troubles  afin  d'entraver la marche enclenchée par l'Algérie pour un avenir meilleur”.

Au-delà du fait qu’elle procède de  cette quête permanente d’en finir et de diluer  la  nature  d’un  mouvement  “empêcheur  de  penser  en  rond” et foncièrement révolutionnaire, cette perversion signe incontestablement, pour ceux qui nourrissent encore quelques doutes, un refus obstiné du régime à toute idée de changement. Elle témoigne du grand décalage entre un régime grabataire, sclérosé et une société éprise de liberté et d’une transformation démocratique du pays. Ce tropisme  à  la  confusion, en  plus  d’encourager l’imposture, est de nature à retarder  la  construction  de  perspectives  et à aggraver la crise. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00