Éditorial

Saut dans l’inconnu

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Karim KEBIR Publié 06 Juin 2021 à 09:03

Dans quelques jours, l’Algérie sera au rendez-vous avec une autre échéance électorale destinée à parachever la feuille de route de la normalisation institutionnelle entamée avec l’élection présidentielle de décembre 2019, puis le référendum sur la révision constitutionnelle en novembre 2020. En quête d’une légitimité abîmée par l’émergence du mouvement populaire en février 2019, le pouvoir entend, selon toute vraisemblance, à travers cette échéance, tourner définitivement la page de la transition politique que nombre de partis de la mouvance démocratique et des figures du Hirak ont réclamée vainement depuis la chute du régime d’Abdelaziz Bouteflika. 

D’ailleurs, ce n’est pas tant la représentativité qui semble préoccuper les autorités autant que l’accomplissement du rendez-vous lui-même. Elles se sont bien accommodées des résultats de la présidentielle et du référendum populaire ! Au-delà du souci de mener à terme le chantier de reconstruction d’un édifice institutionnel ébranlé par le mouvement populaire et par ricochet la consolidation du système dont la culture et les pratiques n’ont guère changé, ce processus mené au pas de charge viserait à enterrer toute perspective politique en dehors du jeu institutionnel. 

Bien plus, il préfigure d’ores et déjà d’une recomposition politique en vue. Ne disposant pas de partis susceptibles de constituer une base politique, le pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, qui refuse de s’encombrer du compagnonnage des partis traditionnels, jugés trop encombrants, entend miser sur la “nouvelle société civile” incarnée par cette multitude de candidats “indépendants”, mais qui, à vrai dire, sont de véritables OPNI (objets politiques non identifiés). Une “société civile” qui pourrait se transformer à terme en parti présidentiel. Il comptera également sur les islamistes-maison qui espèrent que leur heure est venue enfin pour accéder au pouvoir, comme le proclame déjà Abderrazak Makri. Comme souvent, dans cette alliance en vue, ce sont les démocrates qui vont se retrouver sur le carreau. 

Mais reste la question de fond : comment gagner la légitimité et donc aspirer à rétablir la confiance, clé de toute entreprise de redressement du pays et clé de voûte pour asseoir les bases politiques et économiques pour affronter les multiples défis qui se posent au pays ? Dans un climat lourd marqué par des arrestations tous azimuts, un verrouillage médiatique et politique et compte tenu du spectacle offert par les candidats à la députation, il n’est pas dit que le prochain rendez-vous ne connaîtra pas le même sort que les précédents. Et même étouffé, il n’est pas dit aussi que le Hirak est définitivement anéanti. Avec les difficultés économiques, l’impasse risque de se corser davantage. Une perspective aux apparences d’un saut dans l’inconnu. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00