Éditorial

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Karim KEBIR Publié 20 Février 2021 à 00:19

En décidant de  gracier  les  détenus  et  d’annoncer  la  dissolution de l’Assemblée populaire nationale et un remaniement du gouvernement, Abdelmadjid Tebboune vise, selon tout vraisemblance, à répondre à deux impératifs immédiats : redynamiser sa “feuille de route”, plombée par le fiasco du référendum sur la Constitution et tenter de dissuader le “Hirak” de reprendre les manifestations de rue. Prévisibles par certains égards, ces annonces interviennent, en effet, à moins d’une semaine du deuxième anniversaire de l’insurrection citoyenne dont les autorités redoutent la reprise, comme en témoigne le déploiement sans commune mesure des services de sécurité à Alger.

Mais aussi par l’avant-goût donné par la ville de Kherrata, mardi dernier, théâtre d’une grandiose mobilisation. Destinées d’apparence à apaiser un climat politique de plus en plus tendu, notamment avec le maintien de nombreux détenus en prison, mais aussi par la dégradation du pouvoir d’achat des Algériens, conséquence de la crise sanitaire, ces mesures, dont il convient de s’interroger si elles n’interviennent pas en retard, pèchent, cependant, par une certaine improvisation. Sinon, comment expliquer que le chef de l’État n’ait pas avancé de date précise pour la dissolution de l’Assemblée, ni le nombre exact des personnes concernées par la mesure de grâce. Sur la soixantaine de personnes visées par la libération, près d’une quinzaine seulement a retrouvé la liberté hier.

Aussi, l’annonce d’un remaniement, alors que d’ordinaire il est divulgué une fois que l’équipe est désignée, laisse à penser que les “tractations” et les “conciliabules” étaient toujours en cours à l’heure du discours présidentiel.  Et si ces mesures peuvent réconforter les partis inscrits dans l’agenda politique présidentiel dont certains peuvent tirer quelques dividendes politiques, notamment par la satisfaction de l’exigence de libération des détenus, il reste que la démarche, pour aspirer à convaincre de la sincérité des intentions du pouvoir, est appelée à être accompagnée par la levée des entraves à l’exercice politique et médiatique et au respect des libertés. Faute de quoi, elles risquent d’apparaître comme des mesures conjoncturelles, des mesures en trompe-l’œil, sans portée stratégique. Et sur ce registre, force est d’admettre que des signaux forts se font toujours attendre.

En martelant que la solution est dans le cadre institutionnel, Abdelmadjid Tebboune réaffirme que l’idée de la transition n’est toujours pas à l’ordre du jour. Mais, il serait illusoire de compter organiser des élections législatives dans un climat délétère tant sur le plan politique qu’économique. Autant dire que la partie s’annonce difficile. Mais, c’est assurément un tournant.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00