Éditorial

Tous les chemins mènent à Bouteflika

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Karim KEBIR Publié 26 Janvier 2021 à 09:34

“Sous le règne de Bouteflika, il n’y avait ni pouvoir judiciaire ni pouvoir législatif. Le seul pouvoir existant était celui du président. Il savait tout. Je ne faisais qu’appliquer ses directives.” Lorsqu’il y a un peu moins d’une année, l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal a été appelé à la barre pour s’expliquer dans l’affaire du “montage automobile” pour laquelle il purge désormais une peine de douze années de prison en compagnie de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, on avait peut-être trop vite décrété qu’il ne s’agissait que d’une simple stratégie de défense pour se tirer d’affaire. 

Or, à l’examen des révélations sur l’affaire “Chakib Khelil”, du nom de l’ex-ministre de l’Énergie impliqué dans l’affaire de corruption qui avait éclaboussé la puissante compagnie Sonatrach, rapportée hier par un confrère, on mesure toute la responsabilité et le rôle joué par le président déchu dans la propagation du phénomène, à l’échelle presque industrielle, de la prévarication et qui n’a épargné aucun secteur. Non seulement, il apparaît de plus en plus que Bouteflika avait couvert nombre de cas de corruption, mais qu’il avait même ordonné à la justice, au mépris de la loi, d’annuler le mandat d’arrêt international qui ciblait son ami d’enfance et sa famille, aujourd’hui établis aux États-Unis. 

On apprend comment des fonctionnaires de la justice, dont on vantait pourtant “l’indépendance”, se sont mis, par le truchement de l’ex-ministre Tayeb Louh, au service de l’ex-ministre de l’Énergie, un moment pressenti même pour présider aux destinées du pays, et sa famille ! Et c’est son frère, Saïd Bouteflika, qui le confie aux enquêteurs. En attendant l’enrôlement de toutes les affaires de corruption pendantes, cet hallucinant aveu devrait conduire théoriquement les enquêteurs vers celui qui focalise désormais toutes les attaques : Abdelaziz Bouteflika. 

Un impératif qu’appellent le souci et la nécessité du rétablissement de la vérité. Mais reste à savoir si la justice aura toute latitude et toute la capacité de convoquer l’ancien président. Et si l’actuel chef de l’État avait, en juillet dernier, exclu le jugement de l’ancien président — est-ce peut-être par souci de l’image ou d’autres considérations cachées ? —, il reste que la traduction d’Abdelaziz Bouteflika devant les tribunaux peut se révéler comme un formidable gage susceptible de rétablir la confiance entre la justice et les citoyens. Et de changer, à terme, la pratique politique dans le pays. Mais encore, faut-il qu’il y ait la volonté politique. À voir, donc. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00