L’Algérie profonde SIDI BEL-ABBÈS

Tension sur le lait subventionné en sachet

  • Placeholder

A. BOUSMAHA Publié 09 Mars 2022 à 14:57

Les commerçants imputent cette crise aux quantités distribuées, insuffisantes pour répondre à la demande des ménages. © D. R.
Les commerçants imputent cette crise aux quantités distribuées, insuffisantes pour répondre à la demande des ménages. © D. R.

Le refus de nombreux commerçants de vendre le lait en sachet, car non rentable pour eux, pénalise les citoyens, dont l’érosion du pouvoir d’achat ne leur permet pas de s’offrir quotidiennement du lait vendu à plus de 25 DA, prix du lait subventionné par l’État.

Depuis plusieurs semaines, une tension sur le lait subventionné vendu à 25 DA le sachet est observée à travers l’ensemble des quartiers de la ville de Sidi Bel-Abbès.

L’indisponibilité de ce produit de première nécessité contraint les consommateurs à se lever tôt le matin pour avoir un ou deux sachets de lait chez l’épicier du coin ou auprès du point de vente de Giplait, sis à la cité Horia.

La faible quantité distribuée est à l’origine de cette tension, s’accordent à dire, indignés, des citoyens rencontrés lors d’une virée à travers certains commerces des différents quartiers de la ville.

“Cette crise est due aux quantités insuffisantes qui sont distribuées quotidiennement aux commerçants”, pense Mohamed, la cinquantaine, s’offusquant du fait que “chaque jour, au lieu de vaquer à nos occupations professionnelles et personnelles, on se livre à un véritable parcours du combattant auprès des commerces pour avoir un sachet de lait, parfois en vain”. Notre interlocuteur déplore le manque de contrôle des commerces de détail.

“Certains commerçants, vu la quantité insuffisante de sachets de lait subventionné qu’ils perçoivent, n’hésitent pas à nous imposer de prendre un sachet de lait de vache ou de petit-lait pour l’achat d’un sachet de lait subventionné de 25 DA”, dénonce Mohamed, affirmant qu’avec l’érosion du pouvoir d’achat, le consommateur ne peut pas se permettre un sachet de lait à 50 DA, alors que le lait conditionné en carton à 125 DA l’unité est quasiment inaccessible pour de nombreux foyers.

“Nous sommes obligés de nous rabattre sur le lait en poudre car il est moins cher”, affirme Kamel, père d’une famille nombreuse. 

Pour leur part, la plupart des commerçants interrogés imputent cette crise aux quantités qui leur sont distribuées et qu’ils jugent insuffisantes pour répondre à la demande croissante des ménages, sans oublier la faible marge bénéficiaire qui dissuade nombre d’entre eux à s’approvisionner en ce produit.

À l’approche du mois de Ramadhan, certains appréhendent une nouvelle crise. À ce propos, le directeur général de Giplait, Lamine Bencherif, a d’emblée déclaré à Liberté que “les quantités de lait produites sont suffisantes. Aussi, il y a une quantité supplémentaire et mensuelle de 20 t de poudre de lait pour une durée de six mois. Ce quota, qui a été versé sur le marché pour faire face à cette crise, s’ajoute aux 252 t déjà livrées avant”.

Et d’ajouter : “D’habitude, on produisait 81 550 litres/j pour cinq wilayas (Sidi Bel-Abbès, Oran, Aïn Témouchent, Relizane et Tlemcen) et actuellement la production est passée de 81 550 l/j à 120 00 l/j entre Giplait et Fromalait”, précisant qu’“avant, nous étions deux entreprises à livrer le lait au niveau de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, à savoir Giplait et Fromalait (privé).

Malheureusement, cette dernière a eu une panne technique et ils sont en train de faire les démarches pour importer la pièce de rechange”.  Face à cette situation, “nous avons augmenté notre production, pour combler ce déficit, en passant de 81 550 l/j à 120 00 l/j entre les deux unités de production”.

M. Bencherif a un autre point de vue au sujet des causes de la tension actuelle sur le lait en sachet. “Je ne pense pas que c’est un problème d’intervenants dans la chaîne de distribution et de maîtrise de la consommation, car il y a des distributeurs qui jouent le jeu et d’autres non”, a-t-il affirmé. 

En ce sens, notre interlocuteur a tenu à rappeler que le lait est subventionné par l’État. “Il sort de l’usine à 23,20 DA/litre, le distributeur le revend au commerçant à 24,10 DA/litre et le consommateur l’achète à 25 DA/litre.

Donc, on ne peut pas faire d’augmentation et même la tutelle ne peut pas le faire. Malheureusement, certains distributeurs veulent avoir un gain facile.

Parfois, ils le vendent directement à 25 DA et parfois ils appliquent des prix de 30 à 35 DA. Aussi, il y a certains distributeurs qui refusent de faire la tournée alors que d’autres la font”, explique-t-il.

“Selon des distributeurs, il y a des commerçants qui font leurs commandes mais lorsque le distributeur se présente, ils trouvent les magasins fermés que ce soit le matin ou le soir”, déplore le dirigeant de Giplait.

S’agissant du mois de Ramadhan, le DG de Giplait a fait savoir : “On a des assurances, car on est tributaire de la disponibilité de la poudre Onil, et si on à comparer avec l’année passée où on est passé durant le mois sacré de 81 550 l/j à 210 000 l/j, donc, il y a des efforts qui ont été faits et c’est tout le monde qui doit œuvrer à la réussite de la disponibilité du lait durant le Ramadhan”, a-t-il rassuré.
 

A. BOUSMAHA

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00