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Départ de la dame de fer allemande, Mme Angela Merkel (Mutti)

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BOULEGANE BOUDJEMAA Publié 19 Février 2022 à 19:10

© D. R.
© D. R.

Par : Boulegane Boudjemaa

Le 15 décembre 2021, la chancelière allemande a quitté le pouvoir par la grande porte, après 16 ans de règne à la tête du gouvernement allemand (chancelière du 22 novembre 2005 au 8 décembre 2021), succédée par le nouveau chancelier, M. Olaf Scholz. 

Après la défaite historique du 26 septembre 2021, les conservateurs sont à la recherche d’un leader. L’heure de départ de Merkel a sonné, ainsi que celle de l’anti-Merkel est sans doute venue, soit la relève Friedrich Merz à la tête du parti CDU et la relève Olaf Scholz à tête de la chancellerie.

Le nouveau chancelier Olaf, surnommé “le Roi” pendant son mandat en tant que maire de Hambourg, ministre des Finances, ministre du Travail de Merkel et même son vice-chancelier, où il était solidaire et n’aime pas partager le pouvoir.

Mme Angela Dorothea Merkel, femme d’État allemande, née Angela Kasner en 1954 à Hambourg (RFA), est titulaire d’un doctorat en physique. Fille de Horst Kasner, qui a quitté Hambourg en 1954 avec sa famille pour partir en Allemagne de l’Est (RDA), afin de retrouver son nouveau poste de pasteur à l’église évangéliste catholique de Templin, où il y a eu la naissance des deux frères d’Angela, Marcus et Irène.

En 1977, Angela Kasner épouse le physicien Ulrich Merkel. Ils habitaient alors dans un appartement à Berlin-Est. Après son divorce en 1982, elle décide de conserver le nom de Merkel. Elle se remarie en 1998 avec le professeur de chimie Joachim Sauer.

Elle a suivi toutes ses études secondaires et universitaires en Allemagne de l’Est. Elle obtient le baccalauréat en 1973 au lycée de Templin et le doctorat en physique à l’université de Berlin-Est. Elle fait sa première entrée au gouvernement en 1989 en tant que fonctionnaire ministériel au gouvernement de la RDA.

Et après l’union des deux Allemagnes, elle a été sollicitée par le gouvernement de la RFA du chancelier Helmut Kohl, qui la surnomme “Das-Madchen” (la gamine), à l’âge de 37 ans, exactement en 1991, avec son parti la CDU (Union chrétienne-démocrate), pour prendre en charge plusieurs portefeuilles ministériels jusqu’à 2005, pour être élue comme première chancelière fédérale (femme) dans l’histoire de l’Allemagne, en même temps cheffe de son parti. Cette unique expérience a duré jusqu’au 8 décembre 2021.

À la fin de sa mission, elle a cédé également la tête de son parti à un nouveau chef plus jeune, Friderick Merz, afin donner un nouveau souffle au parti, dans l’espoir de remporter les élections de la chancellerie du prochain mandat.

Après quatre mandats de chancelière, elle est devenue le phare politique d’une Allemagne prospère et stable. À 67 Ans, elle s’apprête à quitter le pouvoir sans véritable concurrent ni héritier naturel. Que les Allemands l’appellent Mutti (maman) n’est pas vaniteux, mais elle sait utiliser la vanité des hommes.

Son style tout en sobriété et son amour du compromis lui ont valu la confiance de ses compatriotes et l’estime des présidents français qui l’ont côtoyée, car c’était une chancelière aux quatre présidents. Elle est estimée par un Français sur deux et par deux Allemands sur trois environ.

En seize ans de pouvoir, imperturbable et respectée, elle aura vu défiler les chefs d’État du monde entier, et en parallèle il y avait quatre présidents français, quatre présidents américains, cinq Premiers ministres britanniques, une palanquée d’Italiens, d’Espagnols…

Pendant son mandat, elle connaît l’Élysée presque mieux que son locataire ; elle y fut reçue la première fois en novembre 2005 par Jacques Chirac. Elle a connu les amabilités de Jacques Chirac, les emportements de Nicolas Sarkozy, les ambiguïtés de François Hollande et “en même temps” d’Emmanuel Macron. La moitié des présidents de la 5e République se sont heurtés à son art de la négociation et à son penchant pour la tarte aux prunes. 

En seize ans, Angela Merkel s’est tantôt réjouie, tantôt agacée de ce compagnon français. Mais elle a appris à se méfier des vieux combattants rusés aux accents paternalistes. “Je ne suis pas vaniteuse, mais je sais utiliser la vanité des hommes”, confie-t-elle un jour à un cadre de son parti la CDU. 

Une page de l’histoire politique se tourne, les Allemands ont donné à la chancelière le surnom de “Wascmachine” (la machine à laver), à l’issue des élections du 26 septembre 2021. Une carrière politique s’éteint, une autre s’éveille, ce n’était pas une relation de travail, reconnaît un conseiller de l’époque.

Alors, le regard de Merkel se tourne vers un autre personnage. Nicolas Sarkozy trépigne d’impatience pour entrer en scène. “Quand on marche vite, on peut ralentir, mais quand on marche lentement, c’est difficile d’accélérer, tu dois marcher à mon pas”, rapporte un intime de l’ex-président. L’explication de gravure a eu lieu peu de temps après l’élection de Nicolas Sarkozy.

La chancelière a beau aimer les randonnées dans le Tyrol (un parcours sur le relief de la nature autrichienne préféré par Angela), “Merkozy” n’est pas une longue marche tranquille. Merkel rétorque aux Français trop pressés : “Moi je suis une physicienne où chaque problème a une solution, mais il faut qu’elle soit suffisamment réfléchie pour qu’ensuite il n’y ait plus de débat.” Une décision à prendre avec cosinus et sinus d’abord. “Elle conçoit la politique comme si elle travaillait sur un ensemble de molécules, et elle n’exclut jamais aucune hypothèse”, décrypte son biographe Gerd Langguth.

L’heure des adieux et du bilan a sonné. “Helmut Kohl a fait la réunification, Gerhard Schröder la transformation économique et Merkel a relié ces deux ponts politiques et économiques pour incarner l’Allemagne puissante et réunifiée”, admire Bruno Le Maire.

“Elle a contribué de manière décisive à ce qu’il n’y ait pas de grave crise en Europe”, estime Alain Minc. Mme Merkel laisse à la postérité une pratique du pouvoir bien singulière, sans emportement. Une force tranquille qui la rend incontournable pour assurer la sacro-sainte stabilité du pays.

Elle a quitté la chancellerie avec les grands honneurs, après avoir réalisé des défis et des miracles économiques et sociaux pour l’intérêt et la prospérité de la société allemande et celle de toute l’Europe, ce qui a donné à son pays le galon de la première force économique européenne.

Et parmi les points positifs de son mandat, l’ouverture des portes de son pays aux réfugiés syriens qui ont fui leur pays à cause de la guerre civile qui a transformé la Syrie en terre brûlée.

Et derrière le gouffre de l’inconnu qui l’attend, ses proches la rassurent. Mais la chancelière ne veut plus assumer de fonction politique. 

Pendant ses mandats de chancelière, elle fut médaillée et décorée à plusieurs reprises, notamment par les États et des organisations européennes et américaines. Et durant sa vie politique, elle a écrit plusieurs publications scientifiques et politiques. 

En dernier, je tiens à féliciter de mon côté Mme Merkel pour les sacrifices et les efforts qu’elle a fournis, ainsi que les défis qu’elle a relevés durant son exercice politique, en toute sérénité et avec persistance, en tant que dame exemplaire pour toutes les femmes du monde.
 

 

 

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