L’International Après s’être emparé des pouvoirs de l’exécutif

Le président Saïed lance une campagne anticorruption

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Amar RAFA Publié 30 Juillet 2021 à 17:52

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En échange de l'abandon des poursuites, le président tunisien a proposé que les sommes remboursées bénéficieraient aux régions les moins développées de Tunisie.

Le président Kais Saïed, qui vient de s’emparer du pouvoir exécutif en Tunisie, le 25 juillet dernier, a lancé une offensive anticorruption qui touche 460 hommes d'affaires accusés de détournement de fonds sous l'ère Ben Ali, mais auxquels il propose un arrangement judicair e: l’amnistie pénale en contrepartie de l’investissement des sommes remboursées dans les régions défavorisées de Tunisie. 

Après avoir suspendu dimanche l'activité du Parlement pour un mois et s'être emparé de l'ensemble du pouvoir exécutif, le chef de l'Etat s'en est pris à “ceux qui pillent l'argent public”. Ils sont “460” à devoir “13,5 milliards” de dinars (4 milliards d'euros) à l'Etat, a-t-il rappelé, en citant un ancien rapport d'une commission d'enquête sur la corruption et les malversations sous l'ancien régime du dictateur Zine El Abidine Ben Ali. 

“Cet argent doit revenir au peuple tunisien”, a martelé le président, lors d'une rencontre mercredi soir avec le président du patronat (Utica), en proposant à ces hommes d'affaires un arrangement judiciaire. En échange de l'abandon des poursuites, les sommes remboursées bénéficieraient aux régions les moins développées de Tunisie. 

Il a aussi réclamé une relance de la production de phosphate, et a implicitement souligné les soupçons de corruption qui entourent cette industrie, en évoquant des “gens au sein du Parlement qui se protègent avec l'immunité” parlementaire. 

Cette déclaration survient dans le sillage de l’annonce officielle par le parquet, placé sous l'autorité de M. Saïed dans le cadre des nouvelles mesures d'urgence, de l’ouverture d'une enquête contre plusieurs partis, dont le parti islamiste Ennahdha, ainsi que son allié Qalb Tounes et le parti Aïch Tounsi, qui sont soupçonnés de financement étranger de leur campagne électorale en 2019. 

D’autres enquêtes sont lancées également contre l'ancien président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), l'Instance vérité et dignité et de la Banque franco-tunisienne et Tunisair technique. Cette campagne anticorruption aura été rendue possible grâce au “recouvrement” par Kais Saïed des pouvoirs de l’exécutif, suite au “coup de force” du 25 juillet, alors que, ses prérogatives se limitaient, jusque-là, aux affaires étrangères et à la défense, en dépit qu’il ait été plébiscité par 72% des voix des Tunisiens. Une “spécificité” du système parlementaire qui est à l’origine de la crise politique entre le président et le gouvernement, lequel est soutenu par le parlement. 

À ce titre, le président Kais Saïed multiplie les messages de confiance aux Tunisiens et à la communauté internationale. Lors de la cérémonie de la prestation du serment du chargé du département de l’Intérieur, il a relevé que “ces derniers jours, personne n'a été emprisonné, ni spolié de ses droits”. “Aucune arrestation n'a été effectuée et aucune violation de la loi n'a été enregistrée de la part des autorités”, a-t-il lancé en guise de démenti aux rumeurs au sujet des actes maltraitances qu’aurait subis l’ancien Premier ministre Hicham Mechichi. Mais, dans l'attente d'un nouveau chef de gouvernement, plusieurs organisations de la société civile réclament à M. Saïed une feuille de route avec un calendrier détaillé et mis en garde contre tout prolongement “illégitime”de la suspension du Parlement au-delà des 30 jours prévus par la constitution. 

L'Union générale des travailleurs tunisiens a annoncé qu’elle va présenter à la présidence de la République une feuille de route qui comporte des recommandations portant sur “les moyens d’accélérer la fin de cette période de transition dans les plus brefs délais”. Pour sa part, le parti Ennahdha qui a regretté jeudi dans un entretien avec l'AFP, le manque de dialogue avec la présidence, a averti qu'à défaut d'accord sur la formation d'un gouvernement et la réouverture du Parlement, “nous inviterons le peuple tunisien à défendre sa démocratie”.
“Il (M. Saied) a mis des verrous sur le Parlement, un char à sa porte, c'est une erreur très sérieuse, c'est le moins qu'on puisse dire”, a-t-il affirmé.

Amar R.

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