L’International Après la trêve unilatérale du gouvernement Éthiopien

Les rebelles du Tigré promettent un cessez-le-feu

  • Placeholder

Rubrique Etranger Publié 25 Mars 2022 à 18:04

Les rebelles du TPLF ont accepté le cessez-le feu décrété par le gouvernement. © D.R
Les rebelles du TPLF ont accepté le cessez-le feu décrété par le gouvernement. © D.R

Au Tigré, le Programme alimentaire mondial (PAM) estimait en janvier que 4,6 millions de personnes, soit 83% des quelque six millions d’habitants de la région, étaient en situation “d’insécurité alimentaire”, tandis que deux millions souffraient d’une “pénurie extrême de nourriture”.

Les rebelles de la région du Tigré, en conflit depuis 17 mois avec l’armée éthiopienne, se sont à leur tour engagés hier à respecter un cessez-le-feu, quelques heures après l’annonce par le gouvernement éthiopien d’une “trêve humanitaire illimitée”. Dans un communiqué publié hier matin, les rebelles tigréens “s’engagent à mettre en œuvre une cessation des hostilités, effective immédiatement”, et appellent le gouvernement éthiopien à “prendre des mesures concrètes pour faciliter l’accès sans restriction au Tigré”, région du nord de l’Éthiopie où la faim menace. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a décrété jeudi une “trêve humanitaire unilatérale”, afin de permettre “la libre circulation de l’aide humanitaire vers ceux ayant besoin d’assistance” au Tigré, où aucun convoi d’aide humanitaire n’est arrivé par la route depuis le 15 décembre. Tout en estimant que “lier des questions politiques et humanitaires est inacceptable”, les rebelles se disent déterminés à ce que le cessez-le-feu “soit un succès” et assurent qu’ils “feront de leur mieux pour donner une chance à la paix”.

Forces progouvernementales et rebelles du Tigré s’affrontent dans le nord de l’Éthiopie depuis qu’en novembre 2020 Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix l’année précédente, a envoyé l’armée fédérale déloger les autorités de la région, gouvernée alors par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui contestait son autorité depuis des mois. Rapidement défaites, les troupes rebelles du TPLF ont ensuite, courant 2021, repris militairement le Tigré, et le conflit s’est depuis propagé aux régions voisines de l’Amhara et de l’Afar. 

Les bientôt dix-sept mois de conflit, marqué par de multiples exactions, ont provoqué une grave crise humanitaire dans le nord de l’Éthiopie, où plus de neuf millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU. Au Tigré, le PAM estimait en janvier que 4,6 millions de personnes, soit 83% des quelque six millions d’habitants de la région, étaient en situation d’“insécurité alimentaire”, tandis que deux millions souffraient d’une “pénurie extrême de nourriture”.

Depuis mi-février, les opérations humanitaires au Tigré – où plus de 400 000 personnes ont été déplacées par le conflit – sont quasiment interrompues par les pénuries de carburant et de liquidités sur place, selon l’ONU. Les combats dans la région de l’Afar empêchent le passage des convois routiers d’aide alimentaire et de carburant sur la seule voie terrestre opérationnelle qui relie Semera, capitale de l’Afar, et Mekele, capitale du Tigré.

L’ONU a longtemps dénoncé un “blocus humanitaire de fait” du Tigré, dont le gouvernement et les rebelles se sont rejeté mutuellement la responsabilité. Les diplomates étrangers menés par Olusegun Obasanjo, l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour la Corne de l’Afrique, qui était en Éthiopie ces derniers jours, tentent depuis des mois d’obtenir des pourparlers de paix, avec peu de progrès visibles. Washington, dont l’envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique, David Satterfield, était aussi en Éthiopie cette semaine, “exhorte toutes les parties à s’appuyer” sur l’annonce d’une trêve “pour faire progresser un cessez-le-feu négocié et durable, y compris les arrangements de sécurité nécessaires”, a indiqué tôt hier le département d’État américain.

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, a “salué” hier l’engagement des deux parties à la trêve et “continue de plaider pour un cessez-le-feu négocié, permanent et complet et pour que les parties entament un dialogue à cette fin”. L’ambassadeur de l’Union européenne en Éthiopie voit dans “cette proposition positive immédiatement imitée” une “tendance très positive”. “Les deux parties semblent en phase. Aidons à créer un contexte favorable à une solution durable pour mettre fin” au conflit, écrit Roland Kobia dans un tweet. 

 


R. I./Agences

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00