Reportage LE PHARE DE RAS AL-AFIA DE JIJEL

L’EMBLÉMATIQUE JALON DE LA CORNICHE

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Amor ZOUIKRI Publié 25 Juillet 2021 à 20:29

© D. R.
© D. R.

L’emblématique phare de Ras Al-Afia, appelé “Le grand phare”, est le plus symbolique des jalons de la corniche jijélienne. De sa tour qui culmine à 45,2 m du niveau de la mer et à 16,8 m de celui du sol, il est une attraction à valeur touristique avant d’être une curiosité pour les non-initiés à ses secrets.

À quelque 6 km à l’ouest de la ville de Jijel, il renvoie l’image d’une tour mythique autour de laquelle se tissent des histoires et des légendes. Pourtant, sa conception répond à des impératifs de navigation maritime pour orienter les navires et leur éviter les écueils de la mer. Balayant dans tous les sens l’horizon, son phare rouge reposant sur une forteresse captivant les regards est d’abord un signal d’avertissement aux navires.
Conçu par un tailleur de pierre en 1865, sinon en 1907, selon certaines versions, le phare de Ras Al-Afia a pour principale vocation d’avertir les navires sur le risque de buter contre des rochers : la Salamandre, au nord du phare, et le banc des Kabyles, plus à l’Est. Faisant partie des 24 phares implantés tout au long de la côte algérienne d’Est en Ouest, sa lanterne s’illumine la nuit pour orienter les navires dans leur navigation dans la région. S’il veille sur la célèbre corniche, c’est tout simplement parce qu’il est son symbole de fierté et de splendeur. Fawzi Abid veille, à son tour, sur cet édifice et nous offre une visite guidée du portail d’entrée du site jusqu’à la lanterne mythique.
Toujours ravi de servir d’accompagnateur aux convives d’un jour, notre guide affiche toute sa fierté de servir ce lieu mythique. “Celui qui vient y revient”, nous prévient-il d’emblée. Le site d’implantation du phare est d’abord protégé. Pour des considérations écologiques, son intégrité est préservée. C’est ce que tient à nous préciser notre guide. Initié aux secrets du phare, il a hérité cette mission de veiller sur ce jalon maritime de son père, dont la photo trône dans l’une des salles de l’édifice. “Il est décédé après avoir servi ici pendant 25 ans”, confie notre interlocuteur, qui évoque avec tendresse et émotion le souvenir de son père. Sur le même mur est suspendu un baromètre pour renseigner sur l’état de la pression atmosphérique. Cet appareil fait partie de ce matériel qui ne s’use pas en dépit de cette époque de plus d’un siècle depuis l’édification de ce phare. Les poignées en cuivre des portes sont à leur tour intactes. “Elles n’ont jamais été changées, ce sont toujours les mêmes”, nous signale notre guide alors que nous grimpons les escaliers en colimaçon qui nous mènent au sommet du phare. Après avoir gravi ces marches, nous sommes face à la lanterne du phare mythique. D’une puissance de 1 000 volts, sa lampe s’allume pour guider les navires dans leur navigation.
En cas de coupure électrique, un groupe électrogène de secours se déclenche pour faire fonctionner la lampe de 650 volts. Le phare à la couleur rouge est rythmé à raison d’un éclat pour 5 secondes, alors que sa portée atteint 21 milles nautiques. L’accès au site se fait par route depuis la RN43 pour atteindre une bâtisse. Celle-ci a subi l’usure du temps et toute la construction semble avoir besoin d’une réhabilitation pour sa préservation. 

Un site en quête de réhabilitation 
C’est dans cette optique qu’une étude est lancée par l’Office national de signalisation maritime (ONMS), relevant du ministère des Travaux publics et des Transports pour la restauration du site. Intitulée “Opération de réhabilitation du phare de Ras Al-Afia”, celle-ci a été inscrite durant l’année en cours et son cahier des charges est en cours d’élaboration.
Selon l’ONMS, l’opération prévoit “d’effectuer une étude permettant de faire un état des lieux, d’expertiser les parties fortement dégradées, d’en analyser les causes et de proposer un traitement approprié, afin de pouvoir, à l’issue des travaux, prolonger la durée de vie de cet établissement”.
Il reste encore à quantifier et estimer les travaux, et élaborer les dossiers de consultation des entreprises pour le lancement des appels d’offres concernant les travaux, selon les données de l’ONSM.
Celle-ci annonce que l’étude comportera trois missions, dont la première “consistera à recueillir des données qui seront collectées sur les documents concernant le phare de Ras al-Afia (Jijel), et portera sur l’historique du phare, son site d’implantation et son environnement, les données et les plans concernant sa construction, les visites de l’établissement et l’élaboration d’un rapport détaillé sur l’état général de l’établissement, faisant ressortir l’identification des dégradations relevées”. La deuxième mission s’intéressera à “l’étude des solutions de réhabilitation et consistera en l’expertise du phare et en l’estimation du coût et des délais de réhabilitation”. La dernière portera sur “l’élaboration du dossier de consultation des entreprises et du cahier de charges pour la réalisation des travaux”. Il reste qu’après l’achèvement de l’étude, la démarche portera sur la demande d’inscription “d’une opération pour la prise en charge des travaux de réhabilitation du phare pour l’exercice 2022”.
Rien n’est donc acquis pour la réhabilitation du phare de Ras Al- Afia, qui subit, s’il convient encore de le noter, l’usure du temps de par son état vétuste. Au-delà de son intérêt pour la navigation, ce phare a une dimension touristique avérée. Sa réhabilitation pour la préservation de sa durée de vie, telle que prévue dans la fiche technique susmentionnée, est de nature à renforcer son statut de repère touristique de la corniche. “Nous aimerions qu’il soit valorisé sur ce plan. Nous sommes disposés à collaborer avec les services concernés pour faire de ce phare un site à inclure dans les circuits touristiques retenus à Jijel. La balle est dans le camp de ces services”, indique-t-on à l’ONMS. En attendant que ce vœu soit exaucé, des personnalités étrangères l’ont déjà visité. 

Un repère touristique 
“Elles ont toutes été subjuguées par le site de ce phare”, confie Fawzi Abid. “Certains ambassadeurs qui l’ont visité ont promis de revenir et sont revenus”, affirme-t-il, ainsi que d’autres personnalités de haut rang venues visiter Jijel et s’imprégner de sa beauté. La dernière personnalité à l’avoir visité est l’ambassadeur d’Italie qui a, lui aussi, promis d’y revenir.
Pour le reste, le phare de Ras Al-Afia n’est pas seulement un phare de jalonnement. Et pour cause, son nom est attribué à la célèbre plage éponyme se trouvant à son flanc Est. Au sable fin et rougeâtre, cette plage est la destination phare de ses adeptes. Ces derniers se comptent surtout parmi les Jijéliens d’Alger et ceux qui ont eu le bonheur de profiter des bons moments sur son sable fin. Une plage sur laquelle se croisent des milliers d’estivants chaque été. Par la grandeur de sa beauté, le bleu de la mer de ce rivage fait le reste et exerce une irrésistible influence sur les baigneurs.
L’ambiance est véritablement des grands jours sur cette plage couverte d’un bout à l’autre de parasols multicolores. Elle est l’une des plus connues et des plus célèbres tout au long de la corniche, qui reste encore à aménager en zones d’expansion touristique (ZET). La ZET de Ras Al-Afia est l’un des plus importants projets de la corniche, qui accuse, à l’instar des autres opérations retenues dans ce domaine, un retard dans sa conception.
S'étendant sur une superficie totale de 55 ha, cette ZET présente toutefois 13,58 ha aptes à l’aménagement. De cette surface, seuls deux lots de 7,5 ha ont été retenus. Le reste a été éliminé à cause des agressions que le site a subies. Le dossier de ce projet a été adressé une première fois au ministère pour agrément avant d’être réexpédié à Jijel. Ce renvoi est motivé par les terres appartenant à des privés qui sont intégrées dans cette ZET. Depuis, l’opération connaît des incertitudes même si les services concernés affirment que les enquêtes sont en cours en collaboration avec la direction du cadastre. À ce titre, il faut encore attendre que ces enquêtes s’achèvent pour espérer renvoyer le dossier de cette ZET au ministère. Une démarche qui risque de prendre plus du temps qu’il n’en faut eu égard à ces retards qu’accusent les projets des ZET à Jijel.
Et dire qu’à ce jour, ce sont les mêmes procédures qui rythment la conception de ces projets qui semblent être hypothéqués par des lenteurs administratives. En attendant l’aménagement de sa ZET, le phare de Ras Al-Afia continue de trôner sur son site tout en veillant à la sécurité de la navigation maritime. Sa splendeur assure à la corniche la garantie d’avoir un atout touristique de valeur. Pourvu qu’il soit réhabilité et que sa ZET soit concrétisée !
 

Réalisé par : ZOUIKRI AMOR

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