Sports Professionnalisme, corruption, arbitrage, refonte des textes…

Les travaux d’Hercule de Charef Eddine Amara

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Samir LAMARI Publié 17 Avril 2021 à 21:06

© D. R.
© D. R.

Élu jeudi à la présidence de la FAF, Charef Eddine Amara qui a présenté un programme ambitieux devra faire face cependant à la dure réalité du terrain. Échec du professionnalisme, corruption, marchandage des matches, arsenal juridique dépassé et scandales répétés de l’arbitrage sont autant d’entraves qui vont se dresser sur son chemin. Les forces de résistance l’attendent sans doute de pied ferme pour faire échouer son plan, à l’image de celui de son prédécesseur Kheireddine Zetchi. Nous vos proposons là quelques axes essentiels en attendant d’autres dans nos prochaines livraisons sur le grand chantier qui attend le nouveau locataire de Dély Brahim.

Professionnalisme : réforme ou remise en cause ?
Parmi les priorités dans le programme du nouveau président de la FAF, Charef Eddine Amara, tel que décliné sur le site de la FAF, figure en bonne place la “réforme du professionnalisme, soit une revue en profondeur du professionnalisme qui nécessite un modèle plus viable avec de nouveaux schémas de financement”. Pour Charef Eddine Amara, les initiateurs de ce modèle en 2010 ont été “vite en besogne et ont créé un professionnalisme générateur de déficit et de faillite”.

Très juste, et pour s’en convaincre il suffit de rappeler que tous nos clubs professionnels, y compris ceux soutenus par les sociétés nationales, sont en situation de faillite.  Du reste, si les dispositions du code du commerce devaient être appliquées aux sociétés sportives par actions de football (SSPA), toutes, sans exception aucune, elles auraient aujourd’hui mis la clé sous le paillasson et déclaré faillite. Toutes les équipes sont déficitaires à coups de milliards de centimes, les sponsors, les mécènes et les repreneurs ne se pressent pas au portillon.

Les clubs dépensent plus qu’ils n’engrangent de recettes, et c’est parti pour durer. Si une solution n’est pas trouvée dans un avenir proche, c’est tout le fondement du processus de professionnalisation du football qui sera remis en cause. Si les dispositions du commerce ne sont pas appliquées aux clubs de football pour le moment, c’est tout simplement parce que les pouvoirs publics ont prévu dans le décret portant instauration du professionnalisme une période de grâce ou de transition de cinq ans pour permettre justement à ces clubs de trouver repreneur ou de s’organiser en SSPA.

Autrement dit, même déficitaires, les clubs peuvent poursuivre leur activité, mais il faudra bien trouver des solutions, surtout à ces dettes qui s’accumulent. En outre, la Cour des comptes a relevé en 2018 déjà, dans son rapport d’appréciation sur l’avant-projet de loi portant règlement budgétaire de l’exercice 2016, que “l’ensemble des clubs professionnels ont enregistré des résultats déficitaires les cinq dernières années, bien qu’ils aient bénéficié de subventions annuelles durant la période 2011-2016 d’un montant global de 5 812 784 135,61 DA”.

Révélateur. “Nous devons réfléchir à notre modèle du professionnalisme dans le football national, entamer une réforme. Le professionnalisme ne s’impose pas, il doit être un choix”, dit-il lors de la présentation de son programme devant les membres de l’assemblée générale de la FAF. Les affirmations de Charef Eddine Amara sonnent évidemment comme une remise en cause d’un choix politique décrété par l’ex-président de la République Abdelaziz Bouteflika et qui a fait l’objet de deux conseils interministériels consacrés au football.

Un fait inédit dans l’histoire du football algérien. Une démarche qui a abouti à une série de décrets signés, à commencer par le décret portant instauration du professionnalisme dans le football, celui fixant les conditions et les modalités de l'octroi de l'aide et de la contribution de l'État et des collectivités locales au club sportif professionnel, le décret exécutif déterminant les dispositions applicables au club sportif professionnel et fixant les statuts-types des sociétés sportives commerciales définit les relations entre le club sportif amateur (CSA) et la société sportive par actions (SSPA), d’autres encore et un cahier des charges du professionnalisme relatif aux obligations techniques devant être souscrites par les clubs éligibles au professionnalisme.

Un cahier des charges rendu public le 12 juillet, mais qui n’a jamais été appliqué. C’est dire qu’une telle réforme, aussi souhaitable soit-elle, doit passer par l’aval des pouvoirs publics. Autrement dit, après avoir finalisé une réforme plus que nécessaire, Charef Eddine Amara doit proposer via le ministère de la Jeunesse et des Sports un projet qui sera soumis à l’approbation du gouvernement. 

Cependant, Charef Eddine Amara semble également aller vite en besogne, pour reprendre son expression quand il déclare : “Nous ne sommes pas obligés d’avoir 32 clubs ou 16 pros. Nous ne sommes même pas obligés d’avoir des clubs professionnels.” Il faut savoir en effet que le professionnalisme est un passage obligé, imposé par la FIFA.

Tout club qui n'aura pas une licence de club professionnel FAF et CAF ne sera pas autorisé à participer à une compétition internationale. Comment donc garantir la participation algérienne aux compétitions interclubs tout en maintenant cette réforme inéluctable ?                   
 

SAMIR LAMARI

Sortir l’arbitrage des griffes des véreux 
Maillon faible du football national, l’arbitrage algérien a connu une régression vertigineuse ces dernières années. Il n’y a pas une semaine qui passe sans que des erreurs impardonnables soient commises sur nos stades. Pis, des accusations de corruption pèsent sur le corp arbitral, miné par une mafia qui a fait main basse ces dernières années sur les désignations des referees pour les rencontres des championnats. 

De l’aveu même du président de la Ligue nationale, Abdelkrim Medouar, l’arbitrage algérien n’est pas sain. “Il suffit que je voie sur le site de la FAF certaines désignations d’arbitre pour comprendre tout de suite leur origine”, avoue-t-il. Autrement dit, certains arbitres sont à la solde de certains présidents de club.

En l’absence de structuration, les arbitres accusent le coup sans se défendre. Leurs erreurs sur le terrain ne plaident pas en leur faveur. La FAF ne les a pas défendus non plus. Le fait d’avoir désigné un membre du bureau fédéral qui n’a rien à voir avec l’arbitrage, Mohamed Ghouti en l’occurrence, a ouvert d’ailleurs la voie à toutes les spéculations.De graves accusations ont été, du reste, proférées contre le cercle restreint de l’ex-président de la FAF, Kheireddine Zetchi, coupable d’avoir fait de l’arbitrage une chasse gardée pour manipuler les résultats des matchs. Pendant son mandat, Zetchi a échoué à redorer le blason de ce corps important.

De l’avis des observateurs, il laisse derrière lui une tache noire dans ce domaine et un foyer de corruption avéré. Le nouveau président de la FAF, Charef-Eddine, plaide à ce titre pour une restructuration totale de la commission fédérale des arbitres avec à sa tête un ex-arbitre international à la réputation établie et à la probité insoupçonnable. Il plaide aussi pour l’augmentation des indemnités des arbitres et l’amélioration des conditions de déplacement. Cependant, il est clair qu’il sera difficile pour lui  d’opérer une réforme avec le personnel arbitral actuel.

La majorité des arbitres exerçant dans le championnat national ne sont pas clean. Peut-on faire du neuf avec du vieux et du pourri ? Assurément non, d’où la nécessité de donner la chance à une nouvelle génération d’arbitres, bien formée mais qui n’a pas fait partie du cercle mafieux des faiseurs d’arbitres sur mesure.     

 

S. L.

Lutte contre la corruption  
Le nouveau président de la FAF, Charef Eddine Amara, qui ambitionne de lancer une vaste réforme des statuts et textes règlementaires régissant la FAF, la Ligue et les compétitions nationales, ne pouvait pas espérer un meilleur timing avec la nécessite de mettre en conformité des statuts avec ceux de la FIFA. Il a donc l’occasion de faire d’une pierre deux coups : satisfaire à l’obligation de la FIFA et opérer une révision complète des textes.

Cette mise en conformité lui permettra d’ailleurs de pouvoir coopter des conseillers à la compétence avérée au sein du bureau fédéral, que cela soit au plan juridique, technique ou même économique ou financier afin de parer à la faiblesse de l’exécutif actuel dont certains membres ont largement déjà montré leurs limites sous le régne de Zetchi.

Beaucoup estiment du reste que Charef Eddine Amara compte beaucoup plus sur l’apport des experts et autres conseillers qu’il compte désigner que sur les membres élus du bureau fédéral. La refonte des statuts de la FAF lui permettra également de revoir la composante même des commissions juridictionnelles objet de beaucoup de critiques, comme la commission de discipline, de recours, la CNRL, et la commission d’éthique qui malgré tous les scandales qui ont secoué le football algérien n’a pas bougé le petit doigt.

La lutte contre la corruption dans le milieu du football, le marchandage des matches et les paris illicites ne peut être menée, en effet, sans une batterie de textes réglementaires qui déboucheront sur de véritables enquêtes pour débusquer les corrupteurs et les corrompus. Cela sous-entend aussi une réelle volonté politique de l’État pour permettre à la justice de faire véritablement son travail, contrairement à l’affaire Helfaia-Saâdaoui qui a fait couler beaucoup d’encre sans que cela n’aboutisse à des résultats concrets.                                   
 

S. L.

La  commission  de  passation  de  consignes  entrera  en  action aujourd’hui 
La commission de passation de consignes de la  Fédération algérienne de football entrera en action aujourd’hui pour préparer le passage de relai entre le président sortant, Kheireddine Zetchi, et son successeur, Charaf-Eddine Amara, a annoncé samedi l’instance fédérale dans un communiqué, diffusé sur son site officiel.

Cette commission se compose de Mohamed Guendouz (président de la Ligue de football de Blida), Mustapha Lokbani (président de la Ligue de football de Tlemcen) et Ahmed Khebbouz (président de la Ligue de football de Bordj Bou-Arréridj). Elle a été installée le 5 avril courant, à la fin des travaux de l’assemblée générale ordinaire de l’instance.

À présent, c’est au tour de la commission de passation de consignes de faire son entrée en action, et “elle s’attellera à préparer les dossiers de passation, entre Zetchi et Amara, avant la séance qui les réunira prochainement pour finaliser”, a encore précisé la FAF. La date de cette séance de passation n’a pas encore arrêtée, mais “elle sera communiquée par le secrétariat général de la fédération, juste après la finalisation du processus”, a-t-on encore annoncé de même source.

 

 

 

 

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