Des Gens et des Faits 30e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 18 Janvier 2021 à 21:12

Résumé : Anissa se plaît dans sa nouvelle vie, elle a établi un très bon contact avec ses élèves et ses collègues. Nedjmeddine et elle s’appellent tous les jours. Un jour, il passe l’emmener déjeuner. Alors qu’ils déjeunent, un agent vient l’informer d’une urgence. Nedjmeddine part et la laisse au restaurant. Déçue, elle rentre à la maison. En regardant le journal télévisé, elle se demande jusqu’à quand il y aurait des accrochages, des victimes ?

-On dit qu’ils ont enlevé une jeune fille dans ma région natale, dit Samia, ce soir-là. Ce sont des lâches, en plus de s’en prendre aux villageois et de les racketter, ils enlèvent leurs filles. 
-Quand elles ne sont pas violées devant toute la famille, murmure Zina. Pauvres filles ! Celles qui sont enlevées sont mariées au chef avant de devenir des bonnes à tout faire dans le maquis quand elles ne trouvent pas la mort en tentant de s’échapper.
Anissa a la chair de poule. 
-On dit qu’ils choisissent les plus jeunes et les plus belles, poursuit Zina. 
-Arrête, la prie Anissa. Tu veux nous faire peur ? 
-Non, mais on doit parler de ce qui se passe. Anissa, tu ferais bien de porter le foulard, même si je pense que tu resteras belle quoi que tu  portes. Tu devrais aussi acheter des lunettes pour cacher tes beaux yeux.
-Et puis quoi encore ? 
-J’ai remarqué que les collégiens te tournaient autour dans la cour. Tu devrais mettre des limites. Ce sont juste des conseils, car on tient à toi. Ton mariage est pour bientôt, ne gâche pas les choses en t’exposant davantage. Ils ont leur indic partout. 
-Ils sont recherchés par la police, réplique Anissa. Ils finiront par les avoir.
-Ils ne les retrouveront pas avant qu’ils aient exécuté leurs sombres desseins. Je prie pour qu’Allah les garde loin de nous. Mais pour qu’ils ne nous remarquent pas, on doit se fondre dans la foule, c’est une question de sécurité et de survie. 
Anissa qui n’en peut plus de les écouter, s’en va dans sa chambre. Elle tente de chasser les idées noires qui lui traversent l’esprit. Quoi de mieux que le travail ? Elle se met à préparer les prochains cours, sélectionne des séries d’exercices avant de se lancer dans la correction des copies. Pour s’assurer qu’ils suivaient bien les cours, elle leur passe un examen, elle constate avec plaisir qu’ils ont tous une bonne moyenne. 
“Enfin du positif”, pense-t-elle. 
Elle voudrait partager sa joie avec Nedjmeddine et ses colocataires. Lorsqu’elles retournent au salon, elle les trouve en train de lire et relire, une lettre. 
-C’est quoi ? Une facture ?
-Non… C’est une lettre de menaces, lâche Nadia. Ce serait bien que tu appelles ton mari, pour qu’ils enquêtent même si on connaît d’avance les expéditeurs!
-Une lettre de menaces ?
Anissa la saisit. 
“Retournez d’où vous venez sinon vous mourrez”, lit-elle. C’est une lettre anonyme ! On ne saura jamais d’où elle vient.
-Bayen… Ce sont eux… Il n’y a qu’eux qui ne supportent pas de voir des femmes s’émanciper. Le fait que nous vivons seules fait de nous des proies faciles. Nous risquons de payer de notre vie, nos choix.  Anissa s’empresse d’aller appeler Nedjmeddine. Elle le met au courant. Il tente de la rassurer. 
-Le quartier est sécurisé. 
Des collègues et leurs familles y résident. Deux d’entre eux, des agents civils, sont vos voisins de palier. Vous pouvez dormir tranquilles. Il ne vous arrivera rien. 
-Pourquoi ne les appelles-tu pas pour leur demander s’ils n’ont rien remarqué ? 
-Mais toi, as-tu remarqué qu’on te suivait ? Tes colocataires, est-ce qu’on les a abordées ? Est-ce qu’elles se sont senties suivies ? Est-ce que c’est la première fois qu’elles reçoivent ce genre de lettres ?
Anissa les interroge et toutes répondent par la négative. Nedjmeddine, toujours en ligne, les a entendues. 
-Vous fermez portes et volets, recommande-t-il. Si cela peut te rassurer, je vais demander aux voisins de faire le guet cette nuit ! Demain, on avisera.
 

(À SUIVRE)
T. M.

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