Des Gens et des Faits 16e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 22 Janvier 2021 à 20:16

Résumé : Nazim est en proie à une très vive émotion. Son cœur meurtri saigne. Il sait qu’il ne pourra jamais juguler cette hémorragie de l’âme. Il a repris un semblant de vie normale après sa sortie de l’hôpital. Mais  rien ne sera plus comme avant. Le jeune homme vit comme le rescapé d’un terrible naufrage.

Il fait quelques pas dans sa chambre, puis se laisse tomber sur son lit.
Il devrait songer à mettre de l’ordre dans ses idées. Le psychologue de l’hôpital l’a préparé à son nouveau monde. Il lui a dit que le temps finira par maîtriser ses émotions, qu’il s’habituera à son nouvel aspect. Mais qu’il devra fournir d’énormes efforts pour maîtriser ses nerfs. L’angoisse le guette à tout bout de champ, et le piège risque de se refermer totalement sur lui.
Nazim l’avait écouté tout au long de ses séances. Il a compris que le médecin n’est que la canne qui l’aidera à se relever et que la véritable thérapie est en lui. Il devra tout d’abord s’accepter, avant de penser à se faire accepter des autres et à imposer son existence sans complexe.
Il sait qu’il fait peur aux enfants. Et même aux adultes. Plusieurs malades à l’hôpital le regardaient avec horreur, alors que des femmes s’enfuyaient à sa vue. À la place de son nez, il arbore un genre de “bouchon” en plastique. On devait le greffer, mais tous les plasticiens qu’il avait consultés n’ont pas trouvé la solution radicale à son cas.
Même après une greffe, il faut s’attendre au phénomène du rejet. Plusieurs tentatives seraient nécessaires, mais le résultat n’est pas garanti.
Nazim avait fini par battre en retraite devant le pessimisme des uns et les mises en garde des autres.
À sa sortie, il avait demandé conseil au docteur Nabil. Ce dernier, qui l’avait pris en estime, lui a promis de l’orienter vers un spécialiste de sa connaissance, qui en ce moment précis suivait un recyclage dans une prestigieuse école à l’étranger. C’est l’ultime espoir auquel Nazim s’accroche de toutes ses forces.   
Il jette un coup par la fenêtre de sa chambre et constate que la nuit 
n’allait pas tarder à tomber. 
La nostalgie des sorties nocturnes le reprend. Pourra-t-il encore se rendre au cinéma avec ses amis ou dîner dans un restaurant en galante compagnie ?
Cette idée ravive en lui d’autres souvenirs. Il repense à Feriel.
Une photo de la jeune fille trône sur sa table de travail. Feriel, aussi jeune et aussi pleine de vie que lors de leur dernière rencontre, lui souriait.
Il se saisit du portrait et se met à caresser le visage de sa dulcinée.
Où pouvait-elle être en ce moment ? 
À maintes reprises la sonnerie de son portable l’avait tiré d’un profond sommeil. Et à maintes reprises il avait espéré. Il s’était attendu à chaque fois à entendre la voix cristalline de sa bien-aimée. 
Hélas ! À chaque fois qu’il décrochait on coupait la communication.
Il avait compris. Ou peut-être il n’en était pas aussi sûr. Enfin, peu importe. Si Feriel voulait lui parler, elle l’aurait fait sans encombre. Sans protocole et sans hésitation.
Il tente de panser cette énième blessure de son âme avec des arguments qui, même pour quelqu’un de sensé, n’avaient rien de logique.
Feriel l’avait quitté. Elle ne reviendra plus. Il le sait. Mais quelque chose persiste au fond de lui. Un reste d’optimisme sentimental. Feriel, même si elle n’est plus qu’un souvenir du passé, demeurera pour lui ce grand et unique amour qu’il n’avait jamais connu avant de l’avoir rencontrée.
Comme pour mettre du baume à son cœur, il dépose la photo au fond d’un tiroir, en se promettant de la renvoyer un jour à son ex-fiancée. En refermant le tiroir, il sent qu’il tirait définitivement un grand trait sur son “ancienne vie”. 
Chaque matin, très tôt, il va se promener dans le jardin de son quartier. Il n’ose plus s’y aventurer dans la journée de peur d’avoir à affronter  un regard apeuré ou de susciter de la pitié.
Aux premières lueurs de la journée, il aime humer cet air pur qui pénétre dans ses poumons et l’incite à 
respirer profondément, évacuant ses 
angoisses et son stress. Il a découvert un joli coin à l’ombre d’un chêne, un peu en retrait, où il passe une bonne demi-heure à méditer. Parfois, il se lève et émiette un morceau de pain qu’il jette aux pigeons ou dans le grand bassin. Il aime voir ces 
petits poissons tout minuscules se 
précipiter sur cette nourriture 
providentielle et s’en rassasier.       

 


(À SUIVRE)
 Y. H.

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