Éditorial

Le ver était dans le fruit

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Hamid SAIDANI Publié 04 Janvier 2021 à 00:06

Le chantier de l’autoroute Est-Ouest traîne en longueur 15 ans après son lancement tambour battant. Présenté comme un des projets grandioses qui allait propulser l’Algérie dans la modernité, il  s’est  avéré  en  fin de compte celui qui résume à lui seul la nature du règne du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Surestimation exagérée des coûts, corruption à coups de centaines de millions de  dollars,  travaux  mal  exécutés,  absence  de  contrôle, allongement des délais de réception des tronçons avec l’arrière-pensée de rallonger le budget… Bref, une entreprise de pillage à ciel ouvert où les responsabilités et les complicités ne peuvent s’arrêter au niveau des quelques personnes condamnées dans le procès de 2015. Le chantier de l’autoroute Est-Ouest restera l’exemple type de la gouvernance façon Bouteflika où le populisme et la démagogie faisaient office de philosophie.

Alors  que  des  experts  y  compris  des  proches  de  l’ancien  président recommandaient le recours au mode BOT (Build, Operate, Transfer) pour le financement du projet, Bouteflika, dans un accès d’insolence mêlé de fierté mal placée, a balayé la proposition d’un revers de la main. Il opta pour un financement à 100% public de cette infrastructure qui aura siphonné le Trésor public d’au moins 13 milliards de dollars, si l’on prend en compte uniquement les évaluations officielles.

L’État aurait pu s’épargner cette énorme dépense en recourant au système BOT qui présente l’avantage d’assurer le financement du projet par la ou les sociétés réalisatrices. Mais Bouteflika n’en avait cure. L’argent coulait à flots grâce à la providence des cours du pétrole.

Après tout, c’est l’argent des Algériens et pas le sien. Il pouvait casser la tirelire et dépenser sans compter. Et personne, absolument personne n’a au moins essayé de raisonner l’hydre insatiable. Et la perspective d’un troisième mandat valait bien une énième dépense inconsidérée. Résultat des courses : un mégaprojet budgétivore qui ne cesse, 15 ans après son lancement, d’engloutir des milliards et des milliards sans que l’on sache si le dernier tronçon, encore en chantier, sera livré à la nouvelle date fixée.

Le  pays  se  retrouve  aujourd’hui,  avec  l’effondrement  des  cours  des hydrocarbures, à compter ses sous et à tenter de trouver les ressources qui lui permettront de faire face aux besoins de plus en plus grandissants de la population.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00