L’Actualité Mohamed Guemmama, président de l’association Green Tea

“37% de la population migratoire s’installe”

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Hana MENASRIA Publié 13 Avril 2021 à 00:08

© D. R.
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Médecin  néphrologue,  Mohammed  Guemmama  est  le  président  de l’association nationale  Green  Tea  pour  la  promotion  de  la santé  et les aides humanitaires. Le 4 avril dernier, son  équipe  devait  organiser le 1er colloque national sur la migration à l’Université de Tamanrasset, mais il a été annulé à la dernière minute. 

Liberté : Quelles sont les raisons du report de ce premier colloque national sur la migration, qui devait se tenir le 4 avril dernier ? 
Mohamed Guemmama : Jeudi soir (1er avril), nous avions reçu une lettre officielle du wali de Tamanrasset, dans laquelle il était mentionné que le 4 avril, il ne pouvait assister au colloque, car pris par d’autres engagements. À cet effet, le colloque devait être reporté ! Cette démarche est contradictoire avec le discours officiel du président de la République sur l’octroi d’espaces pour la tenue des activités de la société civile, ainsi que sur l’allègement de la bureaucratie par les walis dans les wilayas de l’intérieur. Les associations du sud du pays sont otages de la loi 10-06 et sont à la merci des administrations.   

Inscrit sous le thème “Le migrant et le réfugié entre le droit international des droits de l’Homme et le droit international humanitaire”, pouvez-vous nous parler des grandes lignes de ce colloque ? 
Le colloque devait être organisé en partenariat avec le Conseil national des droits de l’Homme. Notre idée principale était de promouvoir les efforts de l’Algérie dans la prévention de la migration subsaharienne en Algérie. L’événement devait comprendre trois volets importants : discuter dans un premier temps des lois internes et internationales, portant notamment sur la convention internationale des droits de l’Homme, la convention de Genève de 1951, le pacte de Palerme et le pacte mondial de Marrakech. Nous voulions ouvrir le débat sur l’égalité des lois et l’adaptation des lois internes selon les conventions internationales. Le deuxième volet devait porter sur les services offerts par l’Algérie, à savoir ceux de la société civile (système de référencement et les différents services de santé ; psychologique et psychosensoriel). Quant au troisième volet, il concerne l’impact de la migration en Algérie et les efforts fournis, qu’ils soient en interne (prise en charge des migrants en Algérie) ou en externe : la nécessité d’un développement dans les pays d’origine et la nécessité que l’Algérie renforce ses efforts pour la stabilité dans les pays subsahariens, surtout dans les pays limitrophes. À cet effet, nous avons fait appel à des chercheurs qui ont de l’expérience dans le domaine de l’émigration. Notre objectif était de discuter de manière scientifique des lois qui régissent l’émigration en Algérie et de débattre ainsi sur la meilleure manière à adopter pour la prise en charge des migrants dans le pays. Autre but, d’échanger avec les universitaires de Tamanrasset et d’Alger, la Cread et des chercheurs du Conseil national des droits de l’Homme, afin d’avoir plus de connaissances sur le flux migratoire. Nous voulions organiser un séminaire technique où les participants possèdent des données réelles, et cela nous aurait permis d’adapter nos interventions sur le terrain. 

Que pensez-vous de la gestion de la question migratoire en Algérie ? 
En Algérie, nous n’avons pas une stratégie claire sur la gestion globale de la migration. Cela signifie que nous ne possédons pas de documentation claire sur ce à quoi aspire l’Algérie pour la migration. À ce propos, l’un des objectifs du colloque était d’avoir un indicateur qui nous permettrait dans l’avenir d’élaborer une stratégie sur le flux migratoire. Il faut savoir que la migration en Algérie est mixte : une migration subsaharienne issue principalement des pays du Sahel ; celle de Syriens et de Palestiniens et, en dernier, celle des réfugiés sahraouis à Tindouf. Et la migration subsaharienne est l’une des questions principales sur les plans politique, économique et social, et ce, pour la position géographique de l’Algérie qui constitue le principal pays nord-africain en point d’entrée pour les Subsahariens. Par exemple, nous avons estimé le nombre de migrants à Tamanrasset à 25 000 personnes (l’entrée principale en Algérie). Pour ces raisons-là, nous voulions organiser le colloque ici, car 95% des migrants passent par cette ville. À noter, également, que la migration peut avoir des conséquences politiques, économiques et sociales. Il y a aussi l’approche sécuritaire : criminalité, drogue et traite humaine. 
À cet effet, pour traiter de la question migratoire, il faut un travail de collaboration entre la société civile, les autorités, la sécurité… Et il faut qu’il y ait une approche diplomatique pour renforcer le développement économique dans le pays d’origine, mais surtout renforcer la sécurité et la stabilité dans les pays limitrophes à l’Algérie. Je pense que c’est le moment de faire appel aux compétences qui savent comment mieux gérer la question migratoire.

La stratégie algérienne est très critiquée, notamment sur les pratiques de refoulement…
Les refoulements sont le fruit d’accords avec d’autres pays, à l’exemple de l’accord avec le Niger pour le rapatriement des mendiants, qui font partie des réseaux de mendicité. Aussi, il y a des migrants qui ont exprimé le souhait d’un retour volontaire. La question est très compliquée, car nous voudrions connaître quels sont les droits de ces migrants. Il y a des conventions internationales signées et ratifiées par l’Algérie, mais nous n’avons pas de lois spécifiques aux migrants subsahariens ! Il faudrait des lois sur la gestion de l’immigration en Algérie, que ce soit sur le plan économique, social ou politique. 

À rappeler que les migrants qui viennent en Algérie ne sont pas forcément des transitaires, mais 37% des cas sont ici pour s’y installer. Les chiffres que nous avons obtenus cette année démontrent la féminisation des questions migratoires ; nous avons beaucoup plus de femmes. À cet effet, il faut comprendre ce flux migratoire dynamique qui est en plein changement. 
 

Entretien réalisé par : HANA M.

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