
La marche du Hirak a été empêchée, hier, à Alger, par les services de sécurité, déployés en nombre dès les premières heures de la matinée. Plusieurs personnes suspectées d’être des manifestants ont été arrêtées.
La marche du Hirak a été empêchée, hier, à Alger. Toutes les artères, toutes les rues, tous les boulevards menant vers les lieux habituels des rassemblements populaires et pacifiques, à Alger-Centre, ont été quadrillés par les services de sécurité, déployés en très grand nombre dès la matinée. Jamais, depuis le début du Hirak, un tel dispositif n’a été prévu pour interdire tout rassemblement.
Des les premières heures de la matinée, les axes principaux de la capitale ont été fermés, réduisant, le plus souvent, la circulation à une seule voie tandis que les contrôles de véhicules ont été systématiques. À l’ouest d’Alger, des barrages des services de sécurité ont été installés tôt dans la matinée.
Que ce soit à Cheraga, Ben Aknoun, Aïn Allah, des barrages filtrants ont été dressés pour dissuader nombre d’automobilistes de continuer leur route, alors que les contrôles d’identité étaient de rigueur.
Un seul mot d’ordre : empêcher les citoyens de se rendre aux marches pacifiques du Hirak. Même décor au centre de la capitale déserte, n’étaient les éléments des forces de sécurité fortement déployés au Palais du peuple, au Sacré-Cœur, à la rue Didouche-Mourad, à la place Audin, à la Grande-Poste, à la place des Martyrs ou encore à Bab El-Oued.
Il en est de même à la place du 1er-Mai ou encore au niveau de la rue Hassiba-Ben Bouali où la route a été totalement quadrillée par des fourgons des forces anti-émeutes. En uniforme ou en civil, les services de sécurité ont interpellé systématiquement tous les citoyens qui s’y aventuraient. Des dizaines d’arrestations ont été effectuées, sans distinction.
Tous les points de départ habituels du Hirak, mosquée Errahma, au centre d’Alger, et mosquée Al-Nasr, à Bab El-Oued, en passant par la Casbah, ont été assiégés et les rares débuts de marches, comme à Bab El-Oued, ont été violemment réprimés et se sont soldés par des interpellations tous azimuts. Jeunes, moins jeunes, hommes, femmes, vieillards, il faut dire que personne n’a été épargné, avant même les tentatives de rassemblement.
Pis encore, plusieurs citoyens qui vaquaient à leurs occupations habituelles, loin des points de manifestations, ont été également interpellés au seul motif qu’ils ont été suspectés d’être des manifestants. Parmi eux, il y en a qui ont passé toute l’après-midi dans des commissariats d’Alger-Centre. Violemment réprimée la semaine dernière, la manifestation prévue hier, 118e vendredi, n’a donc pas eu lieu.
Une interdiction, pour rappel, qui fait suite au communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, le 9 mai dernier, indiquant que les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des responsables de l'organisation de la marche et des heures de son début et de sa fin, affirmant que le non-respect de ces procédures “dénue la marche de tout caractère légal”.
Une façon déguisée pour les autorités d’interdire les marches du Hirak. Les motifs avancés par les autorités ont évidemment été rejetés par une partie de la classe politique, de l’opposition, et plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme rappelant que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution.
K. B.