L’Actualité REVIREMENT DE LA POSITION ESPAGNOLE SUR LE SAHARA OCCIDENTAL

Alger ne décolère pas

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Ali BOUKHLEF Publié 03 Avril 2022 à 12:00

© Archives Liberté
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En  n’excluant  pas  “un  recalcul” des  prix  du  gaz  avec  son  client  espagnol, l’Algérie laisse entendre qu’elle est toujours remontée contre le revirement de Madrid au sujet du Sahara occidental en s’alignant sur la thèse marocaine de l’autonomie.

C’est loin d’être une colère passagère. Le changement de position de l’Espagne sur le Sahara occidental en soutenant la thèse marocaine semble provoquer une sérieuse tempête dans les relations entre Alger et Madrid. Après le rappel immédiat de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid en signe de protestation, les autorités algériennes montent d’un cran dans les mesures de rétorsion. Avant-hier, le président du groupe pétrolier Sonatrach, Toufik Hakkar, a indiqué que l’Algérie n’exclut pas de “procéder à un recalcul des prix avec” le client espagnol.

“Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un ‘recalcul’ des prix avec notre client espagnol”, a déclaré, à cet effet, le patron de Sonatrach.

Signe qu’Alger ne décolère pas. L’alliance “stratégique” qu’elle entretient avec l’Espagne peut bien connaître des perturbations. Il est vrai qu’Alger a été surprise par le revirement des Espagnols sur le dossier sahraoui décidé par le président du gouvernement, Pedro Sanchez. Depuis que le Maroc occupe les territoires du Sahara occidental, l’Espagne est restée sur une position de neutralité.

Ex-puissance administrante du Sahara occidental, l’Espagne était restée à équidistance entre les deux parties en conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario. Mais ce qui a encore irrité les autorités algériennes, c’est le fait que le gouvernement espagnol n’ait pas informé Alger de sa décision. Il est évident que le rapprochement “inédit” entre Madrid et Rabat allait manifestement se faire au détriment des liens avec l’Algérie.

D’autant que cela intervient dans un contexte mondial en pleine circonvolution, en raison de la crise en Ukraine. Il faut rappeler qu’Amar Belani, qui est chargé du dossier sahraoui par le ministère des Affaires étrangères algériennes, avait infirmé au lendemain du rappel de l’ambassadeur que l’Algérie allait revoir toutes les facettes de sa relation avec le royaume d’Espagne.

Cela devait commencer par les contrats gaziers qui permettent à Madrid de s’approvisionner à hauteur de 10 milliards de mètres cubes en gaz algérien à des pris préférentiels. Mais cela va changer. De toute évidence, la carte gazière - stratégique - pour l’Espagne peut être brandie pour signifier aux Espagnols l’exaspération des autorités algériennes.

La semaine dernière, la presse espagnole évoquait à ce propos “la menace” qu’allait brandir l’Algérie vis-à-vis de son partenaire espagnol de revoir les prix “bien avant 2024”, année durant laquelle, les contrats vont être probablement révisés.

Pour anticiper, Madrid se tourne vers les Américains pour son approvisionnement pour amortir un éventuel choc. Et c’est dans ce contexte aussi que le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchèz, s’est entretenu, vendredi passé, avec le roi du Maroc qui l’a invité à visiter son pays.

Une visite annoncée pour la semaine prochaine, selon les médias espagnols. Ce voyage, qui confirme le tropisme marocain du chef de file des socialistes ibériques, sera une “opportunité” pour le régime de Rabat d’arracher plus de concessions stratégiques des Espagnols. Par ailleurs, cette “distance” qui s’opère avec l’Espagne, Alger renforce ses relations avec l’autre partenaire sud-européen.

Qui est l’Italie. Pendant que l’axe Alger-Madrid se détériore, celui avec Rome semble se renforcer, comme en témoigne l’intensification des échanges entre les deux capitales. Le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, s’est entretenu la semaine dernière avec le président du Conseil italien, Mario Draghi, qui effectuerait une visite à Alger.

La question des livraisons du gaz algérien sera au cœur des discussions surtout que contrairement à l’Espagne, les relations algéro-italiennes ne peuvent pas être empoisonnées par un sujet plus politique ou diplomatique. C’est dans ce climat que le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a effectué, la semaine dernière, une visite de quelques jours à Alger dans le cadre d’une tournée qui l’a conduit en Israël, la Cisjordanie et le Maroc.

Si dans le communiqué officiel, la question de la livraison du gaz à l’Europe n’a pas occupé une place importante, des sources médiatiques américaines assurent que le chef de la diplomatie américaine aurait évoqué “la possibilité de relancer le gazoduc Maghreb-Europe qui passe par le Maroc”.

Les autorités algériennes ont opposé une fin de non-recevoir, selon toujours les mêmes sources. En plus de cela, le responsable américain a suggéré d’aider les Algériens pour améliorer la productivité des champs gaziers algériens. Une proposition en droite ligne avec les affirmations du P-DG de Sonatrach qui évoquait des équipements inexploités de certaines installations gazières algériennes.

Ali B.

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